La résolution que nous traitons à présent souhaite que nous soutenions la demande adressée au Conseil fédéral d’octroyer le pavillon suisse au bateau Acquarius. Je ne m’arrête pas ici à la problématique juridique et à l’impossibilité d’accepter cette demande pour des raisons formelles et matérielles. Non, je veux plutôt parler du problème de fond dont l’Acquarius, en vérité, fait entièrement partie: A faire croire qu’il y a un sens à se lancer à la traversée de la méditerranée, alors que c’est extrêmement dangereux, voire suicidaire. Les gens ne se mettent pas dans des bateaux pour arriver en Italie, mais en réalité ils embarquent directement dans des canots de sauvetage. Les passeurs leur donnent des gilets de sauvetage, puis ils contactent le bateau Acquarius pour l’avertir d’un naufrage imminent. Entretemps, les Africains sont en train d’attendre les secours qui viennent. Ils connaissent les dangers, comme notre conseiller national Yves Nidegger a pu le constater lors de plusieurs voyages au Niger où passent les gens qui veulent traverser le désert pour arriver aux côtes méditerranéennes et se mettre à l’eau. Ils font néanmoins le voyage, car leurs familles ont vendu des champs pour le leur financer. Ils se sentent investis d’une mission qui consiste à arriver en Italie dans l’espoir de pouvoir y travailler au noir - c’est ce qu’ils disent - et ainsi gagner beaucoup plus que dans leur pays d’origine. Ils savent que la majeure partie de ceux qui se lancent arrivent à destination - un million d’immigrés arrivés en Italie en 20 ans avec la perte de 25’000 personnes en même temps - et il le font donc dans la conviction de ne pas être touché personnellement par le destin.
Il y a aujourd’hui 1,2 milliards de personnes qui vivent en Afrique grâce à la lutte contre la mortalité infantile. Selon les prévisions de l’ONU, il y aura le double, c’est-à-dire 2,4 milliards en 2050 et 4,5 milliards à la fin de ce siècle. Il y aura donc encore du monde à tenter sa chance. En donnant le pavillon suisse à l’Acquarius, on inciterait quand-même directement une partie de ceux qui se lancent au suicide. Il s’agirait donc d’une infraction pénale au vu du droit suisse.
Bien entendu, comme tout le monde, nous sommes sensibles de voir tous ces pauvres gens et même des femmes et des enfants se noyer. Nous exigeons donc de nos autorités d’envoyer un message clair aux Africains. Nous voulons qu’elles leur disent: «Ne risquez pas votre vie en vous lançant en pleine mer sur des canots de sauvetage, car il n’y aura personne qui vous sauvera, mis à part la marine libyenne pour vous ramener en Libye.
Et pourtant, même la gauche commence à se questionner. Pour preuve un récent article dans la revue Marianne. Faut-il accueillir tout nouvel arrivant, sous peine d’être traité de raciste, mais devons-nous aussi nous garder de lui imposer notre culture, sous peine là aussi d’être traité de racistes? Est-ce que quiconque s’interroge est à l’extrême droite, tandis que, pendant ce temps l’extrême droite, la vraie, progresse inexorablement, se demande le journaliste français. En Suisse, bien entendu, la situation est différente, car nous n’avons pas d’extrême droite jusqu’à présent.
Et qu’est-ce que nos paysans en faillite, nos chômeurs de longue durée, nos jeunes soi-disant surdiplômés sans emploi, nos 20’000 personnes à Genève inscrites à l’Hospice général nous disent? Bien sûr, vous de la gauche - vous transmettrez M. le président - vous ne voulez pas les entendre. Mais ils nous crient leur souffrance. Nous les entendons gémir: «Et qu’est-ce qu’on fait pour nous pendant ce temps-là?»
L’UDC ne veut plus de cette culture de la mort, favorisé par l’Acquarius qui est même devenu son symbole. Nous votons donc non à l’incitation au suicide des jeunes africains, à cette résolution qui favoriserait la traite humaine. Nous vous invitons aussi, Mesdames et Messieurs les Conseillers municipaux, à la rejeter massivement.
Juste encore un mot sur la compétence de la Ville de Genève de traiter cette résolution. Madame Sandrine Salerno a refusé à juste titre de délibérer d’un impôt cantonal. A plus forte raison, il faut laisser à la Confédération de traiter les questions qui relèvent de sa seule compétence.
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Y a-t-il un sens à se lancer à la traversée de la méditerranée?