30/03/2021

Proche Orient : une leçon pour le président Joe Biden

 

Loin du souvenir des trop nombreuses guerres qui ont marqué le Moyen-Orient, la tentation est grande de penser que la diplomatie doit remplacer la force, et qu’une bonne négociation, quitte à en sortir perdante, vaut mieux qu’un conflit. C’est plus ou moins la philosophie qui semble inspirer la « pas si nouvelle » administration américaine, comme celle de l’ancien président américain Barack Obama.

Le Président Trump, quant à lui, avait sans doute tiré quelques leçons du Premier ministre britannique Winston Churchill et plus encore du misérable double jeu offert par Hitler au Premier ministre britannique Neville Chamberlain et au Premier ministre français Édouard Daladier, qui allait conduire, un an plus tard, à la Seconde Guerre mondiale. Daladier et Chamberlain étaient tellement opposés à l’usage de la force qu’ils préférèrent sacrifier la Tchécoslovaquie aux appétits nazis plutôt que de tenir bon tant qu’il était encore temps. Le reste, malheureusement, est bien connu.

D’autres se sont inspirés du général romain, Publius Flavius Vegetius Renatus : « Si vis pacem, para bellum » — Si tu veux la paix, prépare la guerre.

Le président Trump, après avoir constaté des décennies de stagnation dans le conflit israélo-palestinien, apparemment sans issue, avait adopté une philosophie similaire en décidant de prendre le problème à l’envers et d’écouter une autre version des faits. Il avait vu qu’Israël avait fait des concessions diplomatiques, en se retirant de toute la partie d’Égypte qui avait été envahi lors de la guerre de 1967, et de Gaza en 2005, pour gagner en échange, trois guerres, des dizaines de milliers de roquettes visant sa population civile, et un groupe terroriste, le Hamas, élu par un raz-de-marée à Gaza. Il n’avait pas fallu longtemps pour que les membres du Hamas jettent les fidèles de l’Autorité palestinienne du haut des immeubles et expulsent les autres.

Les administrations précédentes, comme celle du président Obama, s’accrochaient à l’idée que les conflits ne pouvaient être résolus que par la négociation. Trump et ses conseillers ont préféré se tourner vers le monde arabe, inquiet de l’expansion hégémonique iranienne, et tenter de parvenir à un accord global, qui inclurait finalement les Palestiniens.

Ces consultations ont rapidement débouché sur les accords d’Abraham – une paix entre Israël et quatre pays, les Émirats arabes unis, Bahreïn, le Soudan et le Maroc. Il s’agit d’une percée spectaculaire jamais vue dans la région.

Pendant quatre ans, il a semblé que le président Trump ne récompensait qu’une seule partie, Israël. Bien que les décisions de son administration aient provoqué un tollé de la part de Mahmoud Abbas, de son entourage, des gouvernements européens et des Nations unies, curieusement, le monde arabe n’a pratiquement pas émis d’objection. Au contraire, ils se sont déclarés lassés de la « cause » palestinienne improductive et alarmés par la menace iranienne. C’est également une période au cours de laquelle le terrorisme palestinien a atteint l’un de ses plus bas niveaux.

Les médias internationaux se sont enflammés pour avertir Trump du résultat catastrophique qu’entraînerait la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël et le transfert de l’ambassade américaine dans cette ville.

L’Union européenne et les Nations unies ont été au bord de la panique lorsque le président américain a reconnu le plateau du Golan – pris en 1967 après avoir été attaqué de là par la Syrie pendant des années – comme faisant partie d’Israël.

D’autres gestes, tout aussi importants, ont ponctué la vision de Trump : l’arrêt de l’aide financière à l’Autorité palestinienne tant qu’elle continuerait à inciter au terrorisme et à distribuer des salaires aux criminels emprisonnés en Israël ; la réduction du financement américain à l’UNRWA, une organisation des Nations Unies apparemment conçue pour perpétuer le statut de réfugié – ainsi que le conflit – pour les descendants des Arabes palestiniens qui ont fui pendant les guerres visant à détruire Israël en 1948 et à nouveau en 1967 ; la fermeture du bureau de l’OLP à Washington ; mais, surtout, l’établissement d’un plan de paix réaliste, tenant compte des intérêts de deux peuples et non de leurs dirigeants. Le plan de Trump offrait aux Palestiniens un État dans les zones qu’ils peuplent, une capitale administrative à définir, et 50 milliards de dollars d’aide pour développer leur économie. Ce plan a été rejeté par l’Autorité palestinienne avant même d’être élaboré.

Tout cela n’a en rien empêché les accords d’Abraham de voir le jour. Selon Jared Kushner, l’Arabie saoudite envisageait également de reconnaître Israël si l’administration Trump avait été élue pour un second mandat.

Ces mêmes Saoudiens s’inquiètent aujourd’hui d’un éventuel retour au JCPOA, l' »accord sur le nucléaire iranien » promu par des membres de l’administration Obama – John Kerry, Wendy Sherman et Joe Biden, alors vice-président – qui permettrait aux Ayatollahs d’obtenir des bombes nucléaires. L’accord JCPOA, parfois comparé à un « fromage suisse » pour ses nombreux défauts, parmi lesquels une « clause de caducité » autorisant le gouvernement iranien à enrichir de l’uranium et à obtenir des bombes nucléaires après quelques années, ainsi que le fait qu’il n’a aucune obligation de se soumettre aux inspections « en tout lieu et à tout moment » de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).

Malheureusement, les premières annonces du président Biden concernant l’Iran et l’Arabie saoudite ne sont pas de nature à rassurer les Saoudiens ou les autres alliés de l’Amérique dans le Golfe. Malgré les activités malveillantes de l’Iran à l’étranger – aide aux mouvements terroristes tels que le Hezbollah libanais et les Houthis au Yémen, enrichissement accéléré de l’uranium, développement de missiles balistiques intercontinentaux pouvant transporter des ogives nucléaires, et difficultés rencontrées par les inspecteurs de l’AIEA pour inspecter les sites nucléaires iraniens – M. Biden a déclaré à propos du JCPOA : « Il fonctionnait. Il était tenu fermement. Il n’y avait aucun mouvement de la part du gouvernement iranien pour se rapprocher d’une arme nucléaire. »

Malheureusement, ce n’est pas vrai. En 2017, une équipe d’Israéliens s’est introduite dans un entrepôt iranien et est repartie avec « des dizaines de milliers de fichiers secrets » qui documentent d’importantes tricheries.

Confronté à la décision du président Trump de se retirer de l’accord tant que l’Iran ne se comporte pas de manière moins agressive, Biden a répondu, encore une fois de manière incorrecte :

« L’accord historique sur le nucléaire iranien que nous avons négocié a empêché l’Iran de se doter d’armes nucléaires […]. Pourtant, Trump l’a mis de côté, incitant l’Iran à relancer son programme nucléaire… »

Malheureusement, au contraire, le JCPOA permet à l’Iran de fabriquer autant de bombes nucléaires qu’il le souhaite en quelques années.

Si la nomination d’Antony Blinken au poste de secrétaire d’État a suffi à rassurer les Israéliens et les Saoudiens, la désignation de Robert Malley comme représentant spécial pour l’Iran n’a fait que raviver leurs inquiétudes. Malley n’a pas seulement été impliqué dans la conception du JCPOA, il a été « exclu de la première campagne présidentielle d’Obama après que des rapports aient révélé qu’il avait rencontré des membres du groupe terroriste Hamas », et il aurait demandé que le Hamas soit inclus dans les négociations à l’avenir. Le sénateur Tom Cotton a tweeté :

« Il est profondément troublant que le président Biden envisage de nommer Rob Malley pour diriger la politique iranienne. Malley a un long passé de sympathie pour le régime iranien et d’animosité envers Israël. Les ayatollahs ne croiront pas à leur chance s’il est sélectionné. »

Reuel Marc Gerecht a écrit en 2018 :

« En ce moment, le régime clérical pourrait avoir un site clandestin de centrifugeuses à Mashhad, dans le nord-est de l’Iran, et nous ne le saurions pas…. Il n’y a rien dans le JCPOA qui pourrait nous aider à découvrir cette installation ou toute autre installation secrète éventuelle. »

Le gouvernement israélien, dont les services secrets ont réussi à démontrer la volonté de l’Iran d’acquérir des armes nucléaires, a également mis en garde :

« L’accord a donné à l’Iran une autoroute pavée d’or pour construire l’infrastructure critique pour tout un arsenal de bombes nucléaires. Cet accord a donné à l’Iran les ressources nécessaires pour intensifier considérablement son agression et sa terreur dans tout le Moyen-Orient. »

Les déclarations de Biden sur la paix avec les Palestiniens ne sont pas non plus de nature à rassurer les alliés de l’Amérique au Moyen-Orient. Sa vision ne semble pas très éloignée de celle d’Obama et de Kerry.

Biden a résumé sa position l’automne dernier :

« Une solution à deux États est le seul moyen d’assurer la sécurité à long terme d’Israël tout en maintenant son identité juive et démocratique. Je ne sais pas comment ils font sans une solution à deux États. Et c’est aussi le seul moyen de garantir les droits des Palestiniens à un État qui leur soit propre. »

Ce qu’il semble oublier, c’est que ces tentatives d’engagement n’ont jamais abouti à aucun résultat, si ce n’est de raviver le conflit.

La question est de savoir ce que fera Biden s’il s’avère qu’une fois de plus, l’Autorité palestinienne décide qu’elle doit obtenir toutes les concessions possibles avant même d’entamer des négociations.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Pierre Rehov pour Dreuz.info.

27/03/2021

Conférence de presse de Joe Biden : on a attendu 64 jours pour ce spectacle écœurant

 

64 jours après avoir été assermenté, Joe Biden a finalement donné une conférence de presse, si on peut appeler ça comme ça !

Parmi les 30 journalistes présents, Joe Biden a fait appel à une dizaine d’entre eux en se conformant à la liste que ses aides lui avaient préparée (ainsi qu’aux fiches de réponses pour les questions convenues d’avance). Comme de raison, le journaliste de FOX News, Peter Doocy, ne faisait pas partie de la liste de ceux qui avaient le droit d’interroger le président.

Pour les lecteurs de Dreuz, j’ai traduit la chronique de Michael Goodwin, paru dans le New York Post, le 25 mars.

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Biden ment, et les médias ne le remettent pas en question

Trois choses importantes sont ressorties de la première conférence de presse du président Biden.

  1. Le leader du monde libre est souvent dans la confusion la plus totale et dit beaucoup de choses qui sont manifestement fausses.
  2. Les médias sont ses complices et on ne peut pas compter sur eux pour lui demander des précisions.
  3. En raison des points 1 et 2, l’Amérique va connaître de sérieux problèmes.

Pour ce spectacle écœurant, nous avons dû attendre 64 jours ?

L’événement était significatif d’une manière affligeante. Nous savons maintenant sans l’ombre d’un doute qu’il n’y a aucun moyen de nier la terrifiante vérité. C’était le « coming out » de Joe Biden, et la Nation est face à un désordre qui ne fera qu’empirer avec le temps. L’homme qui a fait campagne sur l’unité est résolu à maintenir une polarisation permanente, ce qui signifie que la culture de l’annulation (« cancel culture ») et le climat racial oppressant sont là pour rester.

Joe Biden a laissé libre cours aux pires instincts de la gauche avec ses références répétées et méprisantes concernant les Républicains et en particulier Donald Trump.

À un moment donné, il a même accusé M. Trump d’avoir laissé les enfants immigrés « mourir de faim de l’autre côté » de la frontière mexicaine.

Il a dit cela dans une salle remplie de 30 supposés journalistes et pas un seul ne l’a corrigé ou même demandé s’il le pensait vraiment. En fait, pas un seul ne l’a contredit sur aucune des faussetés qu’il a énoncées.

Personne ne lui a non plus demandé pourquoi il avait lu des points de discussion préparés à l’avance lors de ses réponses à trois questions sur la politique étrangère. Aucun président récent n’a ressenti le besoin de faire cela.

Il y a également eu des moments où il paraissait confus, pourtant personne ne lui a demandé quand il allait publier les rapports de santé qu’il n’a pas révélés.

En ce qui concerne son programme, un rapport selon lequel Joe Biden se voit comme le nouveau Franklin Delano Roosevelt donne du crédit à l’idée qu’il est prêt à mettre en œuvre toutes les grandes idées folles que les Démocrates gauchistes peuvent concocter.

Le Green New Deal, l’ouverture des frontières, la suppression des mesures garantissant l’intégrité du vote, les hausses d’impôts sans fin, le statut d’État pour le District of Columbia – tout cela est en bonne voie et promis à la gloire.

Le seul obstacle est le « filibuster » du Sénat, qui nécessite 60 voix pour faire passer une loi, mais M. Biden n’a laissé aucun doute sur sa volonté de le supprimer.

« Je veux faire avancer la réalisation de mes politiques », a-t-il déclaré.

Chaque élément de l’utopie planifiée par son parti est, à sa manière, d’une radicalité sans précédent, mais elle est loin d’être assez radicale pour les médias.

Leur performance a été pathétique, non seulement à cause des questions qu’ils ont posées et de celles qu’ils n’ont pas posées, mais aussi par la manière dont ils les ont posées. Le thème dominant était que Joe Biden et son équipe n’agissent pas assez vite pour mettre l’Amérique sens dessus dessous.

« Pourquoi ne le faites-vous pas, quand le ferez-vous, pourquoi ne l’avez-vous pas fait ? » À maintes reprises, le but n’était pas de poser une question, mais d’accélérer un ordre du jour.

Naturellement, c’était tout le contraire de la façon dont certaines des mêmes personnes se sont comportées pendant la présidence de Donald Trump. À cette époque, les questions étaient des expressions indignées qui visaient à arrêter l’Administration Trump. Maintenant, elles sont des plaidoyers visant à faire avancer l’Administration Biden plus rapidement.
Ainsi, les dix personnes auxquelles Biden a fait appel ont généralement suivi le scénario établi par le Washington Post et d’autres journaux. La chroniqueuse Margaret Sullivan avait averti les journalistes de ne pas essayer de « montrer à quel point ils peuvent être durs » avec Biden afin de plaire aux « alliés de Trump ». Elle a même minimisé la crise frontalière, suggérant qu’elle recevait trop d’attention.

C’est bien la crise frontalière qui a retenu l’attention jeudi, mais uniquement dans le but de renforcer l’idée que c’est de la pure compassion humaine que d’inviter les gens d’Amérique Centrale à faire le long voyage vers le nord.

La violence est omniprésente et les coyotes, les trafiquants d’êtres humains et les cartels font des affaires d’or, mais pas un mot à ce sujet de la part du président ou de ses complices dans les médias.

Il n’y a pas eu non plus d’allusion au fait qu’une application plus stricte de la loi serait peut-être un geste de compassion envers les Américains des villes frontalières et les contribuables du monde entier.

Au contraire, l’hypothèse sous-jacente semblait être que toute souffrance subie par les migrants une fois arrivés à la frontière était la preuve d’un manque de compassion et devait être corrigée aussi vite que possible.

Quant à la pandémie, elle n’est apparemment plus un problème. Les photos montrant des migrants entassés dans des cages et les informations selon lesquelles beaucoup sont relâchés malgré un test positif au coronavirus n’ont jamais été évoquées. Pas la peine de gâcher les bonnes vibrations.

Les faits concernant l’immigration illégale sont assez simples. Donald Trump a fait campagne sur cette question et, après de faux départs et malgré une opposition démocrate unifiée, il a fini par mettre en place une série de politiques et d’actions qui ont endigué la marée. Il a construit de grands pans de mur, expulsé les étrangers criminels et conclu un accord avec le Mexique selon lequel les personnes demandant l’asile devraient attendre au Mexique.

C’est également un fait que M. Biden a fait sauter chacun de ces piliers et prétend maintenant avoir hérité d’un gâchis.

Étrangement, il a également insisté sur le fait que les chiffres qui montrent une augmentation des migrants en ce moment « se produisent chaque année, sans exception. Rien n’a changé ».

Soit il est mal informé, soit il ment. Des nombres records d’arrivées sont signalés quotidiennement, et NBC a récemment déclaré que les traversées étaient les plus élevées depuis 20 ans.

Là-dessus, encore une fois, Biden n’a pas été contesté.

La preuve définitive que la presse a abdiqué son rôle a été apportée lorsque le président a refusé de dire quand il autoriserait les médias à accéder aux centres de détention à la frontière. Il a dit qu’il faudrait attendre que son équipe mette en place ses nouveaux programmes.

Si Donald Trump avait dit la même chose, le ciel lui serait tombé sur la tête et les médias auraient déclaré que la démocratie était morte. Mais quand c’est Joe Biden qui le dit, les médias boivent ses paroles comme du petit lait.

Ajoutez donc la transparence à la liste des choses qui n’ont plus d’importance.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Traduction de Magali Marc (@magalimarc15) pour Dreuz.info.

17/03/2021

Goldnadel : « Que reste-t-il des Césars ? Rien »

 

Pour l’avocat Gilles-William Goldnadel, la cérémonie des César de vendredi, ne fut que l’illustration consternante du conformisme idéologique de notre époque, et de l’absence de courage d’une partie du milieu artistique, qui ne fait plus rêver les spectateurs.

La cérémonie consternante des César de vendredi soir me donne malheureusement le prétexte de poursuivre ces réflexions hebdomadaires que j’ai inaugurées sur la folie idéologique de la société contemporaine au sens quasi psychiatrique du terme.

Mettons aujourd’hui sur la sellette ce monde artistique censé incarner l’empire du Bien et de la générosité.

Mais avant cela, quelques mots évidemment, sur ce à quoi il nous a été donné d’assister et qui constitue l’objet de nos observations.

Un artiste qui venait d’être primé, un certain Jean Pascal Zadi, a cru devoir rendre un hommage appuyé à Adama Traoré sous les applaudissements, sans que quelqu’un eut le courage ou l’intelligence d’émettre le moindre sifflement.

Est-il nécessaire ici de rappeler que le défunt élevé au rang de martyr de la police française raciste, principalement par sa famille composée notablement de délinquants multirécidivistes, se voit contester ce statut judiciairement ? Que dans le cadre de la procédure en cours, aucun expert judiciairement nommé n’a confirmé que l’arrestation opérée lors de sa fuite n’avait été la cause unique de son décès ?

Que d’autre part, et le fait aura été amplement commenté, le défunt martyr allégué a été gravement mis en cause pour avoir obligé l’un de ses codétenus à pratiquer sur lui une fellation sous la menace d’une fourchette. La victime a obtenu une décision judiciaire d’indemnisation de son préjudice des suites de cette infraction, précisément en raison du décès de son auteur présumé.

Un mâle noir fut-il délinquant sexuel peut-être candidat au martyre, au rebours de son équivalent blanc, condamné à la géhenne irrémédiablement.

On comparera en conséquence l’hommage de cette année 2021 à cet improbable héros avec la cérémonie des César de l’année précédente qui fit scandale par ce que le film Dreyfus et son auteur Roman Polanski furent honorés en dépit du lourd passé sexuel de ce dernier.

Adèle Haenel , pour protester, fit une sortie aussi spectaculaire qu’appréciée pour flétrir une injure faite à toutes les victimes des prédateurs sexuels.

Comment ne pas en tirer la leçon idéologique aveuglante qui s’évince de ces deux démonstrations outrancières autant que contraires: un mâle noir fut-il délinquant sexuel peut-être candidat au martyre, au rebours de son équivalent blanc, condamné à la géhenne irrémédiablement.

Comme si cela ne suffisait pas, lors de cette soirée, effectivement assez infernale, pour évoquer allusivement l’affaire Polanski de l’année passée, Vincent Dedienne, de l’audiovisuel de service public évidemment, vint lourdement mobiliser « Monsieur Hitler », en le citant, et en disant qu’il fallait absolument savoir séparer l’homme de l’homme politique.

On en tirera une autre leçon idéologique : désormais sous l’empire du Bien, on peut faire fi de beaucoup: Dreyfus, Hitler, l’enfance de Polanski au ghetto de Varsovie, mais point de la couleur de la peau, du genre et de l’orientation sexuelle.

Dans ce marigot de méchante sottise et de laideur, est-il dès lors besoin d’évoquer le triste effeuillage de la comédienne Corinne Masiero qui crut devoir se dénuder entièrement en signe, paraît-il, de solidarité avec les intermittents ?

La malheureuse espérait peut-être choquer le bourgeois comme elle avait tenté de le faire l’an passé avec une audace équivalente en s’en prenant aux « blancs catholiques de droite ».

La seule question que je me pose dans le cadre d’une hypothèse intellectuelle, j’en conviens, assez hardie : Quelle aurait été la réaction médiatique si quelque artiste de sexe masculin avait décidé d’exhiber à la télévision son appendice sexuel pour protester contre la dissolution de Génération Identitaire, par exemple et au hasard ?

L’histoire a montré, pendant l’occupation sans trop d’aménité, que les artistes ne se comportaient pas de manière plus noblement courageuse que les crémiers ou les avocats.

Je pense qu’il se serait trouvé quelque fin juriste pour soulever la question loin d’être absurde d’exhibition sexuelle publique.

Mais comme disait le président du tribunal correctionnel jugeant Zola , refusant d’aborder l’affaire Dreyfus : « la question ne sera pas posée ».

La question ne sera pas posée parce que le monde artistique, et spécialement cinématographique, est le plus conformiste que l’on puisse imaginer. L’académie des César ne pouvait donc qu’avoir l’esprit académique.

Comme je l’ai écrit dans mes « Névroses Médiatiques » : On pourrait écrire un traité sur le conformisme politique cinématographique. Les explications ne manquent pas : obsession de la mode, plaisir de paraître, conformisme de l’anticonformisme d’apparat, esthétisme de la radicalité pépère.

L’histoire a montré, pendant l’occupation sans trop d’aménité, que les artistes ne se comportaient pas de manière plus noblement courageuse que les crémiers ou les avocats.

Aujourd’hui plus qu’hier, le paramètre du temps est le maître à penser. Il suffit d’observer la mode d’une époque pour savoir très exactement ce que regardera uniment le public.

En France, le cinéma d’avant-guerre était exotique, colonialiste et assez antisémite. Pendant l’occupation, la plupart des artistes ont continué à tourner, sans trop d’égard pour leurs camarades empêchés pour raisons raciales, quand ils n’ont pas collaboré ouvertement jusqu’à ce que le vent tourne.

Après la Libération, après une épuration sélective, l’idéologie communiste est la matrice obligatoire du discours sur pellicule durant la période stalinienne.

Mais c’est indiscutablement Hollywood qui fut la capitale du politiquement correct. Monstrueusement paternaliste à l’égard des noirs jusqu’aux années 60, Hollywood, quoique largement représenté par les Juifs, s’est montré d’une pusillanimité particulière pendant la seconde guerre en raison d’un antisémitisme, alimenté par les nazis, qui tenait le Juif comme fauteur de guerre.

L’acteur ou le réalisateur français n’impressionne plus grandement un particulier qui a fini tout de même par comprendre le scénario immuable.

Jusqu’à ne pas me prononcer le vocable « Juif », y compris dans le cadre des films de propagande anti-hitlérienne. Les Nababs ont donc courageusement tu la Shoah ( Arthur Sulzberger Jr, patron du New York Times faisait de même) puis après la victoire se sont fait un devoir de toujours trouver un petit Cohen de Brooklyn se faire trouer la peau dans le Pacifique.

De même, dans le domaine des mœurs, et alors que sa conduite individuelle défraye régulièrement la chronique, l’artiste, fleur à la boutonnière, n’est jamais avare, aux Oscars comme aux César, d’une leçon de maintien.

Et voilà pourquoi évidemment, nous en sommes aujourd’hui à l’antiracisme racialiste, à la culture de l’annulation devenue folle .

C’est dans ce cadre immuable où ni le courage ni l’intelligence ne se bousculent, qu’à force de descendre les degrés de l’estime publique, l’acteur ou le réalisateur français n’impressionne plus grandement un particulier qui a fini tout de même par comprendre le scénario immuable. L’artiste a descendu définitivement l’escalier.

S’il lui arrive d’être plus beau qu’un terrien ordinaire, il n’est à présent à ses yeux, ni meilleur à l’intérieur, ni plus intelligent, ni plus généreux.

Le jet-setter musical ou l’acteur aérien, aux multiples pied-à-terre avec vue sur mer, qui recommande aux gens d’accueillir davantage de migrants sans-logis dans leurs deux pièces cuisine, exaspère aujourd’hui plus qu’hier, avec sa générosité qui ne lui coûte pas cher.

Raison pour laquelle de nombreux artistes, qui ont les pieds sur terre et le sens de la distance, commencent à se faire économes de cette générosité ostentatoire … trop virtuelle.

Et voilà pourquoi nous rendrons aux César ce qui leur reste : Rien.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Gilles-William Goldnadel pour Dreuz.info.

16/03/2021

La stratégie des Démocrates consiste à profiter de la sénilité de Biden le plus longtemps possible

 

Joe Biden a été nommé candidat grâce à sa prétendue modération qui était susceptible de plaire à une majorité d’électeurs démocrates. La stratégie qui consistait à faire campagne de son sous-sol au Delaware, à cause de la pandémie, a servi à renforcer ses chances de victoire et les fraudes électorales dans certains États ont fait le reste. Même si les Démocrates sont parfaitement capables d’adopter une stratégie à long terme, ils n’avaient probablement pas prévu les avantages que leur procurerait le fait d’avoir un président souffrant de sénilité. Tant qu’il restera en fonction, les Américains ne sauront pas ce qui se passe vraiment à la Maison Blanche et les gauchistes auront les mains libres.

Pour les lecteurs de Dreuz, j’ai traduit l’article de Drew Allen, paru sur le site de Townhall, le 15 mars.

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La déchéance mentale de Biden n’est pas un problème pour les Démocrates, elle fait partie de leur stratégie

Ce n’est pas un secret que Joe Biden n’est pas aux commandes de l’exécutif.

Ce n’est pas non plus une surprise. La seule différence observable entre Joe, espoir présidentiel de 2020, et Joe, président de 2021, est son changement d’adresse. Il est passé d’un sous-sol quelque part dans le Delaware à un sous-sol au 1600 Pennsylvania Avenue. En fait, aujourd’hui, la question anodine d’un journaliste minable sur le type de crème glacée que mange Joe serait reçue avec une ovation enthousiaste.

Ce qui est surprenant, cependant, c’est l’efficacité et l’avantage de sa non-présidence pour le Parti Démocrate. Son incapacité mentale n’a pas entravé le sinistre programme marxiste de la gauche visant à changer la république constitutionnelle des États-Unis en un État totalitaire, mais a contribué à le faciliter.

Tandis que l’incapacité mentale de Joe demeure pour les Démocrates et leurs propagandistes dans les médias la question majeure évidente dont ils évitent de discuter, refusant de se rendre à l’évidence, nous n’avons pas besoin d’eux pour confirmer ce que nous pouvons voir de nos propres yeux et entendre de nos propres oreilles.

Qu’il s’agisse de Joe admettant devant la caméra qu’il n’a aucune idée de ce qu’il signe lorsqu’il signe un décret; de Joe oubliant le nom du Secrétaire à la défense (NdT: qu’il vient de nommer à ce poste); de Joe ne donnant aucune conférence de presse – du jamais vu -, ou même de sa promesse non tenue de prononcer un discours devant une session conjointe du Congrès en février; tout cela prouve de manière évidente une chose : Joe Biden est inapte à la fonction qu’il occupe nominalement.

Mais tant que Joe restera le «président», même s’il est entendu que cela demeure un rôle purement figuratif, les Démocrates continueront de remporter un succès fou dans leurs efforts diaboliques et inconstitutionnels pour détruire l’Amérique.

Il y a une raison pour laquelle le déficient cognitif Biden a déjà montré qu’il est un marxiste radical bien plus efficace que Barack Obama : on n’attend rien de lui.

Barack Obama a également détenu une majorité démocrate au sein de la législature pendant ses deux premières années de mandat. Mais l’acuité mentale de Barack Obama était un handicap pour le programme impopulaire et radical de la gauche. Lorsque Barack Obama signait une flopée de décrets et défendait des lois douteuses et anticonstitutionnelles, on s’attendait toujours à ce qu’il rende des comptes au peuple américain. Il était radical, mais le peuple américain était au moins partiellement informé de ce qu’il faisait, car M. Obama devait expliquer et défendre son programme et répondre aux questions de la presse.

Même ceux d’entre nous qui sont les plus virulents et les plus critiques à l’égard du déclin mental évident de Joe doivent aussi admettre que la chose même qu’ils exigent – avoir un président – est impossible à obtenir avec M. Biden. Nous vivons un scénario de cauchemar. C’est comme si vous tentiez d’annuler un service d’abonnement ou de trouver des réponses à un problème technique et que vous étiez mis en attente, transféré sans cesse d’une personne inintelligible à une autre, sans jamais obtenir de réponse ou de solution.

En l’absence d’un président, nous apportons nos questions et nos préoccupations à Jen Psaki, qui aurait bien besoin d’utiliser l’excuse de la démence. Son problème, cependant, n’est pas le déclin mental, mais son incapacité à communiquer, un manque de préparation dû en partie à l’absence de patron dans le bureau ovale, et son intelligence limitée.

Comme le pire concierge d’hôtel ou le pire spécialiste en informatique, sa réponse à tout est « Je vous reviendrait là-dessus », ce qui signifie en fait : « Je n’ai aucune idée, je suis aussi peu qualifiée et inapte que mon patron, Joe Biden ».

C’est aussi une preuve accablante qu’il y a un vide à la Maison Blanche.

Résultat ? Le peuple américain et notre pays sont plongés dans l’obscurité. Nous n’avons pratiquement aucune idée de ce qui se passe. Bien que nous puissions spéculer sur qui dirige réellement le pays en coulisse – Barack Obama ? Susan Rice ? – nous n’avons pas accès à l’individu « responsable » de la démolition de notre économie, de notre sécurité et de notre liberté. En l’absence de réel leader, les États-Unis sont dirigés par un gouvernement fantôme. Nous ne pouvons même pas compter sur la possibilité, même limitée, de faire pression et de demander des comptes au chef titulaire de l’exécutif.

La nomination de Joe Biden comme candidat était due à l’attrait superficiel qu’il détenait sur les électeurs démocrates modérés et à la stratégie de sous-sol utilisée pour renforcer ses chances de victoire.

Même si je reconnais, à contrecœur, l’aptitude avérée des Démocrates à adopter une stratégie à long terme, je ne crois pas qu’ils aient réellement prévu de profiter des avantages, alors inconnus, que présenterait un président souffrant de troubles mentaux.

Nous ne pouvons pas à la fois admettre que Joe Biden est mentalement inapte à la présidence et espérer qu’il s’acquitte de ses fonctions.
C’est le dilemme étrange auquel nous sommes maintenant confrontés.
Tant qu’il restera en fonction, les Américains qui regardent religieusement CNN et sont abonnés à la propagande du Washington Post ne seront jamais exposés à quoi que ce soit qui ressemble de près ou de loin à la réalité.

Tandis que Joe continue d’être caché de la vue du public et protégé par ses manipulateurs pour éviter d’être interrogé, et que Jen Psaki continue de mener à bien sa stratégie de revenir éventuellement sur les questions posées, ceux d’entre nous qui exigent des réponses et souhaitent vivre dans la réalité seront contraints de vivre dans cette zone crépusculaire, ce purgatoire.

Joe Biden fait partie de la stratégie du Parti Démocrate à ce stade, il n’est pas un obstacle ou une cause de frustration.

Comme le déclare le torchon connu sous le nom de Washington Post : « La démocratie meurt dans l’obscurité ».

Nous vivons dans l’obscurité. J’ai le regret de dire que nous serions mieux lotis avec Kamala Harris. Au moins, si elle était présidente, il n’y aurait aucune excuse pour conserver ce régime anti-américain et totalitaire. Mais si les Démocrates sont intelligents, ils maintiendront Joe en place aussi longtemps qu’ils le pourront.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Traduction de Magali Marc (@magalimarc15) pour Dreuz.info.

15/03/2021

La Vice-présidente, Kamala Harris, toujours aussi déconnectée de la réalité

 

Avec le projet de loi d’aide contre le Coronavirus, les Démocrates ont décidé de récompenser les États bleus (démocrates) qui ont imposé les confinements les plus sévères pour contrer la pandémie ( les États de New York, de la Californie, du Michigan, etc.), se causant ainsi d’importantes pertes de recettes fiscales. Le projet de loi concernant le coronavirus prévoit un renflouement de 350 milliards de dollars pour ces États. Les citoyens des États rouges (républicains) qui sont restés au travail vont renflouer les États bleus qui ont pris une année sabbatique. Compte tenu des difficultés que la plupart des Américains ont connues l’an dernier, Kamala Harris ne devrait pas ricaner derrière un podium, en se vantant d’apporter de l’aide à ceux qui subissent encore les effets du confinement.

Pour les lecteurs de Dreuz, j’ai traduit l’article de Bonchie, paru sur le site de Red State, le 12 mars.

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Lors d’une conférence de presse concernant l’adoption du projet de loi d’aide contre la pandémie, Kamala Harris démontre son absence de contact avec le monde extérieur

J’ai appris de source sûre que Kamala Harris est vice-présidente des États-Unis, mais son absence notable de la scène publique peut laisser songeur. Elle est sortie de sa cachette aujourd’hui (le 12 mars) pour annoncer l’adoption du récent « projet de loi d’aide » concernant le coronavirus, et elle a rappelé à tout le monde pourquoi on ne la voit pas beaucoup ces jours-ci.

Elle a donné une performance grinçante, proclamant que «l’aide» est en route, comme si elle était sur le point de courir dans un bâtiment en feu pour sauver une portée de chats.

Mme Harris a toujours l’air de ne pas savoir quoi faire de son visage, qu’il s’agisse d’une interview ou de remarques publiques comme celle-ci.

Lors de cette annonce devant les médias était-elle censée sourire et rire, ou être plus stoïque, étant donné la gravité de la pandémie ? Elle n’en avait aucune idée, et cela se ressentait dans ses commentaires, alors qu’elle semblait sur le point de ricaner bêtement tout en lisant des phrases toutes faites sur les personnes que ce projet de loi est censé aider.

Mais ce sont ces formules toutes faites qui montrent vraiment à quel point Mme Harris, et l’Administration Biden dans son ensemble, sont déconnectées de la réalité. Un chèque de 1400 $ ne va pas aider les gens qui ne peuvent pas nourrir leur famille.

Il ne va certainement pas apporter beaucoup de réconfort à quelqu’un qui a perdu son emploi parce que Mme Harris et ses semblables ont imposé des mesures de confinement ridicules et inefficaces.

C’est un moment à la Marie-Antoinette (« Ils n’ont pas de pain? Qu’ils mangent de la brioche! ») s’il y en a jamais eu un.

Ces politiciens ont détruit la vie de millions de personnes, alors que la science ne cessait de dire que cela ne devait pas arriver. Maintenant, ils veulent être loués et félicités pour vous avoir donné des miettes, pendant qu’ils dépensent encore plus de votre argent pour financer les États bleus (démocrates) et les syndicats. Il n’y a pas de héros. Mme Harris, l’Administration Biden, et une longue liste de gouverneurs et de maires d’États bleus sont les méchants dans cette histoire.

Mme Harris n’est tout simplement pas bonne dans ce domaine.

Nous sommes tous au courant des rumeurs sur la façon dont elle a débuté en politique, mais depuis lors, elle a survécu en jouant la carte identitaire, notamment pour obtenir le poste de vice-présidente. S’il existe une vidéo qui résume la raison pour laquelle elle n’est même pas allée dans l’Iowa pendant sa campagne présidentielle, c’est bien celle de cette conférence de presse. Ce n’est pas vraiment ce qu’elle dit, mais plutôt le manque d’authenticité de ses propos.

Compte tenu des difficultés que la plupart des Américains ont connues l’an dernier, personne ne devrait ricaner derrière un podium, se vantant d’apporter de l’aide en dépensant l’argent des autres via ce projet de loi d’assiette au beurre, le plus corrompu de l’histoire de ce pays. C’est un message incroyablement déconnecté, et un politicien décent reconnaîtrait que ça ne passe pas.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Traduction de Magali Marc (@magalimarc15) pour Dreuz.info.

14/03/2021

Un malentendu irakien nommé Abraham

 

Le voyage du pape François en Iraq a été présenté par les médias comme un puissant symbole d’espoir pour les chrétiens d’Orient trop souvent délaissés. Il est vrai que cette expédition au cœur d’une région récemment ravagée par l’islamisme n’était pas sans risque et avait le mérite d’une mise en lumière de la situation tragique de ces chrétiens.

Les discours du pape lors de ses passages dans les villes d’Iraq se donnaient pour but d’encourager les chrétiens à rester dignes dans leurs détresses mais également à progresser dans la fraternité avec les musulmans. « Fratelli tutti » restant la ligne directrice du souverain pontife.

Mais si peu de temps après les exactions sanguinaires du groupe islamique Daesh, le challenge semble humainement exorbitant, c’est sans doute pourquoi le pape a publiquement rencontré le grand imam chiite Al Sistani, religieux d’origine iranienne. Et c’est dans la ville de Ur, marquée par la figure tutélaire d’Abraham, que le pape a évoqué une étonnante dimension œcuménique de ce personnage biblique majeur, également présent dans le coran sous le nom d’Ibrahim. Le pape a souligné le rôle fédérateur, selon lui, d’« Abraham père des croyants », supposé vecteur d’une fraternité de tous les monothéistes, comme se plaisent à le répéter les agences de presse.

Ce discours plein de bonnes intentions peut-il transformer une coexistence séculairement conflictuelle en une convivance harmonieuse autour de ce que serait une foi abrahamique commune, si tant est qu’elle existe? La Mésopotamie a été dans le passé une terre juive et chrétienne florissante, mais l’arrivée de l’islam l’a progressivement vidée de sa substance civilisationnelle et les populations locales ont été exterminées, déportées et réduites en esclavage. A ce jour, les  chrétiens d’Iraq, survivants d’une des plus anciennes communautés chrétiennes, vivent encore repliés dans l’insécurité, et les menaces persistent au quotidien, car l’Etat irakien ne prend pas les moyens d’assurer leur légitimité et leur protection.

Comment perdre de vue que le drapeau national comporte la mention « Allahou akbar » Allah est LE plus grand, et que la constitution du pays mentionne clairement que les citoyens reconnus sont les chiites, les sunnites et les kurdes. L’absence des chrétiens dans ce programme islamique suppose leur future expatriation puisque visiblement la minuscule minorité qui subsiste aujourd’hui n’est pas la bienvenue.

Or les discours du pape et l’entretien avec le grand imam laissent supposer que la question peut être résolue sous les auspices d’Abraham-Ibrahim. Mais ce personnage doté de tant de charismes est-il réellement un père commun pour les croyants du judaïsme, du christianisme et de l’islam ?

Il serait intellectuellement malhonnête de le prétendre, car l’Abraham de la bible ne correspond pas à l’Ibrahim du coran.

Dans la bible, Abraham ami de Dieu et père de son peuple, représente le début de l’alliance. Cette alliance est liée à la promesse d’une terre attribuée à la descendance d’Isaac mais aussi bénédiction pour toutes les nations. La notion d’histoire en mouvement est déjà présente. Abraham eut foi en Dieu et fut même prêt à lui sacrifier son fils Isaac.

Dans le coran, Ibrahim ne correspond pas du tout à cette vision spirituelle. On est dans le registre de la nature plus que dans celui de l’histoire. C’est un homme qui en contemplant les astres découvre qu’on ne peut en faire des dieux, car c’est Allah qui les a créés. Il se différencie par-là de tous les polythéistes, Ibrahim est donc la figure emblématique du monothéiste (hanif). « Entièrement soumis (=musulman) à Allah ». Le coran montre Ibrahim allant avec son fils Ismaël construire la kaaba à La Mecque, séquence absente de la bible. Le récit du sacrifice du fils d’Ibrahim au Mont Moriah ne précise pas s’il s’agit d’Isaac ou d’Ismaël, mais les commentateurs ont majoritairement choisi Ismaël – sauf quelques-uns comme Tabari – présenté comme ancêtre des Arabes (alors que sa mère Agar était égyptienne).

Ce qui veut dire que les musulmans, lorsqu’ils se réclament d’Ibrahim ne rejoignent pas la foi en Abraham qu’ont les juifs et les chrétiens, membres de l’alliance, terme inconnu du coran. Du fait que les musulmans rejettent la bible comme étant falsifiée, ils ne se retrouvent pas dans l’Abraham biblique. Certains esprits du siècle passé comme Massignon ont voulu à tout prix magnifier l’abrahamisme du coran, considérant le Livre de Mahomet comme une simple variante de la bible. Ces confusions théologiques ne mènent évidemment nulle part et les raccourcis démagogiques augurent de cuisantes désillusions.

Lors d’un des discours du pape François invitant à l’unité autour d’Abraham, un muezzin a chanté un verset de la sourate Ibrahim dont une phrase dit « ne pense pas qu’Allah reste inattentif à ce que font les injustes », terme habituellement rendu par les « associateurs », qui vise spécifiquement les chrétiens. Refusant la mission du Christ, le coran condamne sévèrement ceux qui associent un être humain au Dieu transcendant, (péché du shirk) et encourage les vrais croyants à les convertir ou à les éliminer.

L’incident est passé quasiment inaperçu, mais il est la répétition de ce qui s’était déroulé quelques années plus tôt lors d’une rencontre interreligieuse dans le jardin du Vatican où un imam avait chanté comme message subliminal une sourate belliqueuse non prévue au programme.

Concernant l’Iraq actuel et ses communautés chrétiennes coexistant avec des majorités musulmanes, il est clair que tout ce qui peut améliorer leur sort est le bienvenu. Toutefois le signal, il est vrai tardif, donné à l’égard des chrétiens par le pape François pourra-t-il changer la donne et faciliter la survie de familles éprouvées et fragilisées ? La référence à un Abraham double-face idéalisé suffit-elle pour panser les blessures et inaugurer de nouvelles relations ? Voilà qui semble bien ambigu, vu la puissance de la mémoire collective de l’islam et les injonctions incontournables du coran. Seule la solidarité attentionnée des chrétiens d’Occident et leur prière fervente pourront garantir la mise en place de solutions pérennes sur le terrain, sachant que l’Abraham de la bible était un homme qui « espérait contre toute espérance ».

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Abbé Alain René Arbez, prêtre catholique, commission judéo-catholique de la conférence des évêques suisses et de la fédération suisse des communautés israélites, pour Dreuz.info.