Un politicien a-t-il le droit de poser des questions au gouvernement ? Un politicien a-t-il le droit, même en période électorale, de s’interroger sur des pratiques particulières ou peu transparentes, s’agissant de l’octroi de la nationalité suisse à des personnes qui, oui, effectivement, peuvent posséder un patronyme à consonnance étrangère.
Dans une démocratie telle que la nôtre, on pourrait penser que oui, un député au Grand Conseil a bel et bien le droit – c’est même son devoir - de poser des questions écrites et urgentes au Conseil d’Etat. Même si elles peuvent déranger. Dans la Genève d’aujourd’hui, on dirait pourtant qu’il faut mieux se taire. La preuve avec la question du député UDC Thomas Bläsi, déposée la semaine dernière au Conseil d’Etat et son blog intitulé «Lettre à un monument en péril», publié dans la Tribune de Genève le 20 septembre dernier.
Le député Bläsi veut toujours savoir :
Si le Conseil d’Etat a vérifié si l’Office cantonal de la population et des migrations, a délivré des permis (toutes les catégories), ou traité des demandes en vue d’obtenir la nationalité Suisse, à des personnes proches et des acteurs concernés par l’affaire dite « Maudet »?
Si le Conseil d’Etat peut assurer qu’aucun traitement de faveur n’a pu être accordé à l’une ou à l’autre des personnes concernées, qu’il s’agisse d’émoluments, de délais, ou d’une quelconque facilité de nature à avoir constitué un avantage comparativement au traitement fait au reste de la population ?
A ce jour, pas de réponse du Conseil d’Etat. Mais une réaction sur Léman bleu à l’occasion d’une interview avec Jérémy Seydoux, la semaine dernière. Un entretien avec un Pierre Maudet visiblement énervé, d’abord par les attaques du Syndicat de la police judiciaire puis, comme Monsieur Maudet le définit lui-même, par les questions « habituelles de l’UDC» et de son auteur «en période électorale».
N’empêche qu’à la question «Avez-vous facilité l’octroi de la nationalité suisse ? » Le conseiller d’Etat en charge de l’économie répond «Oui». Comme il le dit si bien, il a fluidifié la situation de 2012 à 2019 : 20'000 personnes ont été naturalisées et ont obtenu le passeport suisse pendant cette période. Et forcément, sur ces 20'000 personnes, il y a de fortes chances que Monsieur Maudet en connaissent quelques-unes. Il en convient, en déplorant «un niveau de campagne nauséabond.»
A l’UDC, nous voulons juste savoir si oui ou non des facilités pour obtenir un permis rouge à croix blanche ont été obtenues pour des personnes de l’entourage de Pierre Maudet. A l’UDC, nous voulons juste nous assurer que tout a été fait dans les règles. Thomas Bläsi attend les réponses du gouvernement à une indispensable question politique qui n’a absolument rien à avoir avec une quelconque notion de racisme. D’ailleurs, après avoir pris connaissance de la question du député UDC Thomas Bläsi, le groupe parlementaire d’Ensemble à Gauche au Grand Conseil a demandé au Conseil d’Etat si celui-ci avait procédé à des vérifications concernant des passe-droits ou faveurs quelconques qui auraient pu être accordées à des acteurs concernés par l’affaire Maudet. Le parti politique anticipe déjà la suite et souhaite que la Commission de contrôle de gestion prenne le relais «s’il s’avérait qu’il y a bien eu des dysfonctionnements coupables».
Communiqué de presse UDC du 23 septembre 2019.
Pour plus de renseignements :
Christo Ivanov, député, chef de groupe
Thomas Bläsi, député, candidat au Conseil national