Angus Deaton, expert en matière de pauvreté et prix Nobel d’économie, déclare : « Les gouvernements dont le budget s’appuie pour une grande part sur l’aide au développement, en particulier en Afrique, n’ont aucune incitation à agir de façon responsable à l’égard de leurs citoyens. Ils ne doivent se justifier qu’à l’égard de leurs bailleurs, lesquels sont mis sous pression par les donateurs pour qu’ils distribuent l’argent aux pauvres. Dans beaucoup de pays pauvres et corrompus, il n’y a aucun progrès. »
On assiste à une alliance contre-nature entre donateurs et gouvernements. Ces derniers profitent d’un afflux de capitaux qui leur permet d’épargner sur les budgets de santé, de formation et de prévoyance sociale pour mieux dépenser les fonds en faveur de leur sécurité personnelle et de leur armée. Cette convergence d’intérêts entre des individus bien intentionnés et des despotes est absolument fatale. Rien n’est plus agréable pour un dirigeant de ne pas faire face à une multitude de contribuables, mais seulement à des représentants d’organisations internationales dont la satisfaction ne dépend que de l’achèvement de leurs projets. Les aides au développement créent de fausses incitations.
La pauvreté devient ainsi une affaire profitable pour certains gouvernements : il leur est plus facile de demander des aides que d’offrir un cadre légal qui permette à l’économie de fonctionner correctement. Certains pays comptent davantage d’organisations non gouvernementales que d’entreprises. De plus, les capitaux étrangers contribuent souvent à assurer la survie de régimes corrompus et à cimenter leur pouvoir.
(Troisième partie du rapport L'aide au développement, un modèle périmé de David Signer, publié par l'Institut libéral)
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