31/05/2021

Le Hamas annonce une victoire contre Israël, voyons ça de plus près

En 1867, l’écrivain américain Mark Twain visite la Terre sainte. Il est consterné en découvrant une terre abandonnée, désolée, repoussante même.

Les collines sont stériles, leur couleur est terne, leur forme est peu pittoresque. Les vallées sont des déserts disgracieux, bordés d’une faible végétation qui a une expression de tristesse et de découragement. La mer Morte et la mer de Galilée dorment au milieu d’une vaste étendue de collines et de plaines où l’œil ne se pose sur aucune teinte agréable, aucun objet frappant, aucune image douce rêvant dans une brume pourpre ou tachetée par les ombres des nuages. Tous les contours sont durs, tous les traits sont distincts, il n’y a pas de perspective – la distance n’opère aucun enchantement ici.

C’est une terre sans espoir, morne, au cœur brisé.

La Palestine est assise dans le noir et les cendres. Elle est sous l’emprise d’une malédiction qui a flétri ses champs et entravé ses énergies.

La Palestine est désolée et mal aimée. Et pourquoi devrait-il en être autrement ? La malédiction de la divinité peut-elle embellir une terre ?

La Palestine ne fait plus partie de ce monde du travail. Elle est sacrée pour la poésie et la tradition – c’est un pays qui appartient à la légende.

  • En novembre 1947, alors que les Juifs poursuivaient la construction de leur terre et les Arabes celle de leur haine, les Nations unies donnèrent le feu vert à la création d’un État juif et d’un État arabe adjacent sur les terres abandonnées de l’ex-Empire ottoman.
  • Les Juifs acceptèrent la partition. Ils déclarent le nouvel État d’Israël en mai 1948.
  • Mais les Arabes rejettent le plan et attaquent le nouvel État juif.
  • Les Israéliens se sont battus, ont miraculeusement remporté la guerre d’indépendance, et leur projet de construction de leur patrie a progressé.

Aujourd’hui, Israël est un membre officiellement reconnu de la communauté des nations – pas toutes : des Etats arabes, ainsi que ses voisins immédiats, nient son existence.

Comparé à la désolation décrite par Twain, Israël est un miracle moderne, et les régions voisines n’ont presque pas changé :

  • En 2019, Israël avait un PIB par habitant de 43 589 dollars,
  • Le Liban, 7 584 dollars,
  • Gaza, 6220 dollars (1),
  • La Jordanie : 4 405 dollars,
  • Les Territories disputés de Judée et Samarie (2014) : 4 300 dollars (2)
  • L’Egypte : 3 019 dollars,
  • La Syrie (en 2007), 2 037 dollars,

Pourquoi s’obstiner à vouloir conquérir Israël alors qu’ils ont tant à faire chez eux ? Ou, si l’on regarde les choses à l’envers, pourquoi vouloir la terre d’Israël puisqu’ils ne font rien de la leur ?

Selon Statista, Israël a l’investissement en capital-risque par habitant le plus élevé au monde. Israël a produit 12 lauréats du prix Nobel. Les Etats voisins : aucun. Et ce n’est pas comme s’ils étaient minoritaires dans la région.

Tout cela en menant six guerres, en faisant face à un terrorisme constant et l’hostilité active de l’Europe.

Selon la Freedom House de Washington, D.C., Israël fait partie des pays les plus libres du monde en termes de droits politiques et civils. Les pays arabes font partie des plus totalitaires.

Israël s’est retiré de Gaza en 2005 et l’a laissée sous l’entière souveraineté palestinienne. Qu’en ont-ils fait ? Rien. Enfin, pas exactement : ils ont acheté des missiles. Ils auraient pu construire – l’Europe a plusieurs fois financé la construction d’usines d’assainissement des eaux qui ne sont jamais sorties de terre. Ils auraient pu mettre en place une infrastructure de liberté économique qui leur aurait permis de produire le genre de miracle que les Israéliens ont produit.

Mais au lieu de cela, ils ont mis des terroristes aux commandes dans l’intention de massacrer les juifs, et ils ont commencé à tirer des missiles sur Israël.

Le Hamas a-t-il gagné ?

Le chef du bureau politique du Hamas, Ismail Haniyeh, dans un discours télévisé depuis son refuge doré au Qatar pour ne pas être éliminé par Israël, a revendiqué la « victoire ».

« Nous avons vaincu les projets de colonisation… les projets de coexistence… les projets de normalisation avec l’occupation sioniste… et nous obtiendrons encore beaucoup de contacts [diplomatiques] et de succès. »

Ah bon ?

  • Au cours des deux premiers jours du conflit, plus de 70 % des victimes de Gaza causées par les frappes israéliennes étaient des combattants (3)
  • 21 % du total des décès survenus ces jours-là ont été causés par les missiles du Hamas retombés à Gaza (3)
  • Selon l’armée israélienne, environ 4 340 missiles ont été tirés par le Hamas en direction d’Israël au cours des 11 jours d’hostilités, et 640 sont retombées à l’intérieur de Gaza, faisant un nombre de victimes arabes que le Hamas ne révélera pas, mais qui sont bien réelles.
  • En réponse, le système de défense anti-missile Dôme de fer a arrêté plus de 90 % de ce barrage de missiles, Israël a détruit :
    • 1 600 cibles militaires,
    • dont 340 lance-roquettes,
    • et a détruit plus de 100 km de tunnels terroristes souterrains dans la bande de Gaza.
    • Les FDI ont également tué plus de 150 terroristes du djihad islamique et du Hamas, dont beaucoup étaient considérés comme des commandants supérieurs irremplaçables dans leur rôle, en particulier ceux qui dirigeaient la recherche et le développement des projets de missiles.
  • L’une des frappes, contre Bassem Issa, un haut responsable du Hamas, a été effectuée sans faire de victimes civiles, bien qu’elle se soit déroulée dans un tunnel sous un immeuble de grande hauteur entouré de six écoles et d’une clinique médicale. Issa, commandant de brigade pour la ville de Gaza, était la plus haute figure militaire du Hamas à être tuée par Israël depuis l’opération Bordure protectrice en 2014.
  • Il a été tué en même temps que le chef de la cybernétique et de la technologie des missiles du Hamas, Jomaa Tahla, le chef du département du développement et des projets, Jemal Zebda, et 13 membres de l’unité de fabrication d’armes de la faction.

Les Palestiniens, plus isolés que jamais

  • Le soutien des pays arabes a été au mieux tiède, voire inexistant,
  • tout comme la condamnation mondiale d’Israël.
  • Les constructions en Judée et Samarie ne ralentissent pas car Israël a toujours le droit international pour lui.
  • Les dirigeants du Hamas à Gaza ont toujours peur de se montrer en public, à moins d’être entourés d’un bouclier humain de femmes et d’enfants.
  • Les Emirats, le Bahreïn, le Soudan et le Maroc n’ont pas gelé leurs relations récemment normalisées avec Israël.
  • Le prince héritier saoudien Mohammed bin Salman s’est abstenu de tout commentaire public sur les hostilités.
  • Contrairement aux précédentes confrontations, le roi Abdallah de Jordanie n’a pas rappelé son ambassadeur en Israël.
  • Le lendemain du cessez-le-feu, le Bangladesh a annoncé que ses passeports ne porteront plus la mention « valable pour tous les pays du monde sauf Israël. »
  • Et le plus incroyable : même l’Union européenne n’a pas publié de communiqué unifié critiquant la réponse militaire israélienne « disproportionnée » (il faut dire que lorsque le Hamas parle de victoire, c’est que la riposte israélienne a été sous-proportionnée, et non disproportionnée).
  • Plusieurs diplomates européens se sont rendus en Israël pendant l’attaque pour exprimer la solidarité de leur pays,
  • et le drapeau israélien a été hissé sur des bâtiments gouvernementaux en Autriche, en République tchèque et en Slovénie. Pas en France, car la France est l’ami d’Israël.

Petite force de frappe

  • Israël a acheté 19 avions furtifs F-35s en 2017. Il possède 25 F-15I, la version israélienne du F-15E Strike Eagle, un avion réputé pour être très performant (4).
  • Israël dispose également de ses propres missiles balistiques. Le Jericho III à trois étages, qui peut lancer un missile balistique à portée intermédiaire de 2,2 tonnes capable de transporter une ogive de 1 000 kg sur plus de 4 500 km. Missile à propergol solide, ce qui lui permet d’être lancé rapidement en cas de besoin, le Jericho III pourrait certainement transporter une ogive nucléaire pour le cas où Israël en posséderait.
  • Israël a récemment reçu son cinquième sous-marin de classe Dolphin, de construction allemande. Un sixième est en construction, et ils sont dotés d’une propulsion avancée indépendante de l’air qui utilise des piles à combustible pour leur permettre de rester immergés bien plus longtemps que les sous-marins diesel. En plus de leurs formidables capacités en tant que navires anti-surface et anti-sous-marins, ces sous-marins israéliens sont largement considérés comme étant équipés de missiles de croisière à armement nucléaire qu’Israël n’a pas.
  • Israël a récemment testé son missile Arrow III financé par les États-Unis, conçu pour détruire les missiles balistiques entrants. Sans parler du Dôme de fer, dont la technicité s’améliore régulièrement.

La première guerre d’Intelligence Artificielle (IA) au monde

Les FDI ont utilisé l’intelligence artificielle et les superordinateurs lors du dernier conflit avec le Hamas. Grâce aux données recueillies et analysées par l’IA, l’aviation israélienne a pu utiliser des munitions différentes pour atteindre des cibles différentes, qu’il s’agisse d’un appartement occupé par des terroristes, d’un tunnel ou d’un bâtiment.

  • La cartographie du réseau souterrain du Hamas a été réalisée grâce à un processus de collecte aidé par les développements technologiques et l’utilisation du Big Data. Une fois cartographié, Tsahal a pu avoir une image complète du réseau à la fois au-dessus et en dessous du sol, avec la profondeur des tunnels, leur épaisseur et leur nature.

« Pour la première fois, l’intelligence artificielle a été un élément clé et un multiplicateur de puissance dans la lutte contre l’ennemi », a déclaré un officier supérieur du corps de renseignement des FDI.

« Il s’agit d’une campagne unique en son genre pour les FDI. Nous avons mis en œuvre de nouvelles méthodes d’opération et utilisé des développements technologiques qui ont constitué un multiplicateur de force pour l’ensemble de Tsahal. »

  • Au cours des années précédant les combats – les FDI ont mis en place une plateforme technologique avancée d’IA qui a centralisé toutes les données sur les groupes terroristes de la bande de Gaza sur un seul système, permettant l’analyse et l’extraction des renseignements.
  • Les soldats de l’unité 8200, une unité d’élite du Corps des renseignements, ont mis au point des algorithmes et des codes qui ont donné naissance à plusieurs nouveaux programmes appelés « Alchimist », « Gospel » et « Depth of Wisdom », qui ont été développés et utilisés pendant les combats.
  • Recueillant des données à l’aide, mais pas uniquement, du renseignement par signal (SIGINT), du renseignement visuel (VISINT), du renseignement humain (HUMINT), du renseignement géographique (GEOINT), les FDI ont disposé d’une montagne de données qui ont permis l’élaboration d’une frappe proportionnée et efficace.
  • « Gospel » a utilisé l’IA pour générer des recommandations à l’intention des troupes de la division de recherche du renseignement militaire, qui les ont utilisées pour produire des cibles de haute qualité, puis les ont transmises à l’IAF pour qu’elle les frappe.
  • Les satellites de l’unité 9900 de l’IDF qui ont recueilli des GEOINT au fil des ans, ont été capables de détecter automatiquement et en temps réel les changements de terrain, de sorte que pendant l’opération, les militaires ont pu détecter les positions de lancement et les frapper.
  • Par exemple, les troupes de l’Unité 9900 ont pu, grâce à l’imagerie satellite, détecter 14 lance-roquettes situés à côté d’une école.
  • Les FDI ont également utilisé le système baptisé « Alchemist », mis au point par l’unité 8200. Ce système utilise l’IA et l’apprentissage automatique pour alerter les troupes sur le terrain d’éventuelles attaques terroristes. Ce système dynamique, actualisé en temps réel, était utilisé par chaque commandant d’unité sur le terrain, qui disposait du système sur sa tablette.

Conclusion

En 2014, lors du dernier conflit majeur, les commentateurs affirmaient d’un ton catastrophé que le Hamas disposait d’une force de destruction formidable. Je répondais que les années passant, l’écart technologique aidant, Israël arrivera un jour à une protection de 100 % de ses citoyens. Je pense que ma prédiction, basée sur le bon sens, n’est pas loin de la réalité.

En 2021, les commentateurs, catastrophés, affirment que le Hamas et le Jihad islamique n’avaient jamais tiré autant de missiles sur Israël, plus que durant la dernière guerre avec le Liban.

  • Gaza a tiré 4340 missiles, qui ont fait 12 morts et 352 blessés en Israël. 12 morts innocents, 12 morts de trop. 12 drames pour l’éternité. 12 familles brisées.
  • Faisons les comptes : le 13 mai, une roquette du Hamas qui est retombée sur son territoire a fait 17 victimes (5). Je vous laisse multiplier 4340 par 17, ou le montant que vous voulez, en considérant qu’une grande partie a atterri dans des champs.

Je suis un homme simple, avec des raisonnements simples : j’avance toujours logiquement du point A au point B. Ma conclusion ? Je souhaite au Hamas de nombreuses autres « victoires » de ce genre.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info.

30/05/2021

Dieu est amour, mais tout amour n’est pas de Dieu


Jésus a mis en valeur et a pratiqué intensément la célèbre phrase du Lévitique « Aime ton prochain comme toi-même ». Il a montré jusqu’au bout combien l’amour du prochain est connecté à l’amour de Dieu, fondement de toute réalité, proclamé dans le Shema Israël : « Ecoute Israël, le Seigneur est l’Unique. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de toutes tes forces et de toute ton âme… ». (Deutéronome).

Et Jésus insiste pour affirmer que « la loi et les prophètes dépendent de ces deux commandements ». En d’autres termes, par son enseignement, il montre le but ultime de la loi de Moïse, en reliant définitivement Dieu et l’humain, dans la logique de l’alliance accomplie. Ainsi s’éclaire la complémentarité vitale de ces deux pôles que sont l’amour de Dieu et l’amour du prochain. Une authentique relation à Dieu implique en effet l’amour du prochain, car comment aimer Dieu sans aimer autrui ? Mais alors se pose la question :

de quel « prochain » s’agit-il ? Et comment « aimer », sinon en prenant ses responsabilités ?

Dans les discours ecclésiaux l’amour du prochain semble souvent être une tarte à la crème concernant tout et son contraire. Jésus prince des bisounours ? Sa position nous engage-t-elle à accepter passivement et inconditionnellement tout ce qui se présente à nous, sans exercer de discernement et de choix volontaire ? L’amour véritable n’abolit jamais le libre-arbitre ! Et si le « prochain » n’était que celui dont on choisit de se rendre proche ?

Par conséquent, sans remettre aucunement en cause l’hospitalité ou la compassion, il faut d’abord clarifier la dimension historique des mots qui évoquent l’amour selon la tradition biblique. Le mot « aimer » du Lévitique et le mot aimer du Deutéronome sont les mêmes : ahava. Aimer Dieu, aimer le prochain : c’est le même terme, ce qui induit l’importance connectée de la question.

Mais qui sera alors « le prochain » ? Dans le cursus biblique, on constate au plan social que le compatriote membre du peuple d’Israël n’est pas le seul « prochain » concerné : même le guer, l’étranger venu de loin, l’étranger de passage, est accueilli avec considération, à condition qu’il respecte les lois du pays d’accueil et, s’il y demeure durablement, qu’il s’assimile. C’est l’exigence de base pour pouvoir être « proches ».

L’accueil de l’autre est honoré mais il n’est jamais inconditionnel : il y a toujours eu en Israël des sentinelles pour avertir sur les dangers d’importer des pratiques exogènes et idolâtriques. Ces influences extérieures infiltrées par l’arrivée d’étrangers hétérodoxes risquaient de provoquer rapidement de graves problèmes dans la communauté. Ces avertissements n’étaient pas le fait de sectaires rabat-joie, mais plutôt de défenseurs avertis de la survie communautaire. Car la « diversité » ne peut pas être un faux fuyant pour affaiblir les acquis spirituels et dissoudre l’unité d’un peuple.

Aujourd’hui, la défense militante de la planète et de sa biodiversité ne peut en aucun cas être instrumentalisée comme prétexte idéologique à la disparition progressive des nations spécifiques qui la peuplent. On ne peut pas, au nom d’une idéologie mondiale, effacer le sens et la valeur du local et du particulier, car l’universel n’existe pas sans les particularismes propres à chaque peuple qui le constitue.

L’amour du « prochain » est donc un objectif majeur dans le premier comme dans le nouveau testament.  Aime ton prochain « comme toi-même »… La précision est essentielle : si un être ou un peuple ne s’aime pas soi-même, il sera bien incapable d’en aimer un autre, dans tous les cas de figure où il pourrait se rendre proche d’autrui.

Sans estime de soi, l’ouverture à l’autre est illusoire. Ces carences de l’être facilitent toutes sortes de déviations malsaines. De ce fait, un pays qui renie sa propre identité (histoire et culture) n’est plus en mesure d’assurer un accueil effectif à des étrangers, ou même de défendre ses intérêts dans des accords de partenariat avec d’autres nations. On se retrouve dans cette configuration sans issue lorsque, paradoxalement, des autochtones submergés en arrivent à devoir eux-mêmes se faire « accueillir » dans leur propre pays par des individus ou des groupes venus d’ailleurs, et imposant leurs pratiques hostiles à la culture locale, ou encore lorsque la mondialisation dévitalise les valeurs du travail autochtone. Suite aux dérives que l’on constate dans la cohésion d’une nation accueillante bon gré malgré, les carences du pouvoir et les territoires perdus ont prédisposé les régions à leur perdition et à des fractures irréversibles.

Certains diront : mais la parabole du bon Samaritain nous démontre qu’on peut se faire le prochain de celui qui au départ ne l’était pas ! En effet le Samaritain, cité en exemple par Jésus, a fait le choix de se faire le prochain du Judéen blessé à terre, alors que tout s’y opposait en raison de la mésentente entre les deux collectivités. Précisément, on peut, comme dans cette histoire évangélique, décider en âme et conscience de se faire le prochain d’un autre, mais ce n’est possible que justement par un libre choix, et non par automatisme passif joué d’avance. Ce Judéen blessé devient le prochain du Samaritain parce que ce dernier, ayant évalué la situation, l’a voulu. Cette proximité qui n’allait pas de soi ne lui a pas été imposée, elle a été choisie volontairement par le Samaritain, eu égard à cette détresse individuelle qui l’a touché. Mais comment aurait-il réagi s’il s’était trouvé face à mille blessés à secourir ?

Le respect de l’altérité est une constante dans toute la tradition biblique, or cela suppose une colonne vertébrale, et du discernement, car nul n’est tenu à accueillir tout et son contraire! Ne deviennent des « prochains » que ceux dont on a décidé qu’ils le seraient, pour des raisons éthiques ou des motivations pratiques, souvent dans l’urgence.

Si l’on transpose l’enjeu au niveau collectif d’une immigration massive, le raisonnement s’oriente différemment. Beaucoup de graves tensions existent aujourd’hui lorsque la présence de familles ou d’individus venus d’ailleurs est imposée de force sans l’assentiment des citoyens du pays d’accueil, et sans conditions préalables de réciprocité dans les droits et les devoirs. C’est alors que le sentiment d’insécurité monte en flèche. Et que les faits divers illustrent quotidiennement ce décalage et ce danger mortifère. C’est pourquoi il serait intellectuellement malhonnête d’instrumentaliser « l’amour du prochain », sans tenir compte du nombre. Et cela pour faire accepter naïvement toute pression migratoire sans aucun critère éthique ou législatif. Le refus de toute régulation au nom de bons sentiments religieux ou humanitaires n’amène que de graves désillusions et amplifie indéfiniment les distorsions.

« Aimer son prochain comme soi-même » est un bel idéal de vie, individuel et collectif. Les rappels à la compassion et à l’hospitalité ne sont pas hors-sujet lorsque menace le repli égoïste sur soi ou la phobie maladive de l’autre. Ils peuvent être salvateurs dans des situations extrêmes où une prise en charge s’avère conforme à l’éthique de solidarité. Mais le laxisme ne peut s’instaurer au nom d’un « vivre ensemble » idéologique…

En effet, pour un individu comme pour un peuple, s’aimer soi-même est prioritaire si l’on veut assumer des situations d’accueil, et si l’on veut être capable d’apprécier des hôtes véritablement choisis et non subis! Ce qui signifie préalablement : ne pas démissionner de son libre arbitre, garder une conscience vive de son histoire et de son identité, défendre ses valeurs propres et ses acquis pour gérer les situations de mixité sociale. C’est alors que – comme dans la parabole – l’accueil du « prochain » choisi et non subi prend du sens dans une réciprocité possible. On voit combien le spirituel et le politique s’entremêlent !

Des événements graves de troubles publics s’accélèrent dans les démocraties et obligent à regarder en face ces problématiques. Bien des responsables politiques et religieux, plutôt que de continuer dans la fuite en avant, indifférents au coût humain de leurs opérations, devraient méditer cette phrase lucide de l’évangile, afin de ne pas être des « aveugles qui guident d’autres aveugles » :« si l’on veut construire une tour, on s’assied d’abord pour calculer la dépense et voir si l’on a les moyens d’aller au bout de son projet ». (Luc 14, 28)

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Abbé Alain René Arbez, prêtre catholique, commission judéo-catholique de la conférence des évêques suisses et de la fédération suisse des communautés israélites, pour Dreuz.info.

29/05/2021

Quand un lobby veut étendre au recyclé la taxe pour copie privée

Le scandale de la taxe inique pour la « copie privée » continue de plus belle en France et, youpi, veut maintenant s’étendre au recyclé.

Comme nous l’apprend Marc Rees, le rédacteur en chef de Nexinpact, le lobby Copie France vient ainsi d’adresser sans honte une lettre aux députés pour pousser leurs billes afin qu’ils étendent sur les supports recyclés les taxes déjà fort copieuses qui existent sur les supports informatiques neufs.

Eh oui : comme vous vous en doutez certainement et parce que tout ce qui peut être taxé le sera inévitablement dans le pays, le législateur, totalement cornaqué par ces groupes de pressions, a décidé de ponctionner de généreux montants sur tous les médias de stockage d’information en France. Et ici, « tous » n’est pas une figure de style : absolument tous les formats y passent, depuis les antédiluviens CD en passant par les disques durs habituels jusqu’aux dernières mémoires de masse, chacun dispose d’une bonne ponction dodue arbitraire dont le but affiché est de rémunérer les artistes, ces supports servant tous, dans l’œil de ces lobbies, à effectuer des copies de leurs œuvres qu’il convient donc de rémunérer en forçant l’acheteur à les subventionner.

Bien évidemment, tous les professionnels qui, sans le moindre rapport avec quelque « copie privée de zartiste malheureusement piraté », achètent actuellement des supports de stockage (ou des smartphones, des tablettes, des ordinateurs ou des cartes mémoires) dans le cadre de leurs activités quotidiennes se retrouvent à devoir payer cette taxe absolument indue qui renchérit notablement leur facture finale, le tout en contravention décontractée avec le droit européen qui explique pourtant que cette taxe ne doit peser que sur les particuliers au regard de leur copie privée (article 5.2.b de la directive de 2001 sur le droit d’auteur).

Évidemment, les lobbies des ayant-droits, confortablement assis sur un magot considérable, ont beau jeu de prétendre mielleusement que le remboursement des professionnels concernés est toujours possible ; en pratique, ils multiplient bien sûr la complexité des démarches que les ponctionnés doivent accomplir pour obtenir le remboursement de leur dû, et limitent au maximum l’information même de l’existence de cette possibilité. Avec succès puisque seules quelques centaines de sociétés parviennent à faire valoir leurs droits (1506 apparemment) jusqu’à présent, sur les millions de professionnels qui se sont fait ainsi purement et simplement voler ; au final, sur deux milliards d’euros collectés, un peu moins de 5 millions d’euros ont été remboursés aux professionnels lésés, soit un joli quart de pourcent.

D’un autre côté, on comprend le lobby : la gamelle est bien remplie, la soupe est bonne et comme personne (ou presque) n’y trouve à redire alors qu’il y a vol manifeste, il serait dommage de s’arrêter en si bon chemin !

C’est sans doute pour cela que le groupe de pression, du bon côté du robinet, cherche maintenant à étendre ce qui existe pour les médias neufs aux médias recyclés : après tout, pourquoi ne pas tabasser aussi de ce côté là, même si le recyclé peut aussi servir aux professionnels, même si le recyclé a déjà supporté toutes les taxes possibles et imaginables, et même si les entreprises et autres associations non lucratives de recyclage ont déjà bien du mal à simplement boucler leurs fins de mois en ces périodes délicates ! Comme une nuée de sauterelles n’ayant finalement aucune considération sur les pâtures et les plantations qu’elles dévorent sur leur passage, tout ceci n’a aucune importance : il y a certainement là un gisement encore inexploité de petites taxounettes croustillantes qu’on ne doit surtout pas s’affranchir d’aller récupérer.

Le plus beau de cette nouvelle taxation est qu’elle peut être sans fin : un support déjà taxé une première fois (souvent illicitement car vendu à des professionnels) lorsqu’il est neuf se retrouvera taxé une seconde fois, pour la même raison, après avoir été reconditionné, puis, pour peu que l’objet survive – ce qui a de plus en plus de chance d’arriver à mesure que les pièces mobiles disparaissent progressivement de nos stockages – une troisième voire une quatrième fois, dans la décontraction de tout ce système et l’embonpoint joyeux de notre lobby qui peut reprendre plusieurs fois des frites à la cantoche sur le dos du consommateur.

Si l’on se rappelle que cette taxe a été introduite lorsqu’aucune solution commerciale légale n’existait sur internet pour l’écoute de fichier musicaux, de films et de documentaires, on comprend l’ampleur de l’entourloupe qui permet à l’illusion de durer ; de nos jours, le consommateur est ainsi bien mieux servi par les offres légales commerciale et n’a guère besoin de s’encombrer avec une copie privée et les taxes afférentes bien qu’il les paye pourtant chèrement.

Du reste, l’intégralité de l’argumentaire de ce lobby repose sur l’existence d’une copie pirate qu’il a bien du mal à qualifier et quantifier, utilisant pour ce faire des questionnaires dont l’analyse laisse pantois : bases faibles, enquêtes qui sont au départ de simples opinions mais qui aboutissent pourtant à fournir des éléments pour construire des législations et des taxations, tout est fait pour qu’à la fin, le pifomètre total règne en maître et que la ponction joyeuse continue sans vergogne.

Pendant ce temps, d’autres pays n’ont (étrangement) pas choisi cette voie de l’omnitaxation et proposent donc les mêmes supports à des prix sensiblement inférieurs ce qui pousse progressivement les (rares) professionnels au courant à aller voir ailleurs. Perte pour l’industrie française, perte pour les associations de recyclage françaises, perte pour le commerce français en général et au final, perte aussi pour le lobby ponctionneur ce qui est d’autant mieux…

À l’heure du streaming et de l’internet haut-débit, de la fibre, de la 5G et de Starlink, l’idée même de taxer les stockages pour faire semblant de rémunérer des artistes donne une bonne mesure de l’état d’esprit étriqué de ces lobbies qui ont surtout compris l’intérêt qu’ils pouvaient avoir à pressurer le législateur plutôt qu’encourager leurs industries de tutelles à s’adapter aux nouveaux marchés, et à se réformer pour coller aux usages.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © H16. Publié avec l’aimable autorisation de l’auteur (son site)

28/05/2021

Jour et nuit, des groupes de migrants illégaux arrivent en France par l’Espagne


Il faut qu’on le leur dise, il faut qu’on le leur crie, il faut que les Algériens, les Marocains, les Tunisiens et les sub-Sahariens sachent que parvenir à pénétrer en Espagne ou en France ce n’est pas être accueilli au « paradis », bien au contraire. 

Ils ont payé des « passeurs » avec leurs économies, ils ont risqué leurs vies, et cela dans l’espoir d’une vie meilleure en Europe et ce qui leur est offert est pire que ce qu’ils ont laissé au pays.

Il faut le leur dire afin qu’ils ne se bercent pas d’illusions.

A pied, en nageant, en train, cachés dans des camions ou à bord d’embarcations légères, qui toutes n’arrivent pas jusqu’aux ports (des milliers dorment au fond de la Méditerranée et de l’Atlantique), quand ils ne sont pas accueillis par un navire d’une ONG complice, qui les attend près des eaux territoriales, ils arrivent par milliers.

Des iles Canaries ils tentent de parvenir jusqu’en Espagne afin de poursuivre leur route vers la France. Les passages les plus empruntés étaient du côté des Pays basques, mais cela est devenu plus difficile depuis 2020 et ils choisissent dorénavant la traversée par les Pyrénées-Orientales.

Ils sont de plus en plus nombreux, selon la police des frontières (qui refuse de donner des chiffres). Plus de 45.000 migrants, originaires d’Afrique du Nord ou d’Afrique Sub-Saharienne, ont atteint les côtes espagnoles en 2020, contre environ 20.000 l’année précédente, soit une progression de 50 %, selon l’OIM (Organisation Internationale des Migrations).

Louis Aliot, maire de Perpignan (66), dans une lettre adressée au président Macron, a évoqué l’arrivée quotidienne de plusieurs dizaines de migrants clandestins depuis l’Espagne. Les associations n’arrivent plus à aider tous les nouveaux arrivants. Elles distribuaient une cinquantaine de repas quotidiennement, elles en sont à plus de 200 actuellement.

A Cerbère (66), le maire Christian Grau s’est exprimé récemment sur l’AFP : « Des groupes de plusieurs dizaines arrivent jour et nuit, ils traversent en solo afin d’éviter les contrôles, se nourrissent comme ils peuvent tout en essayant d’atteindre la gare sans être interceptés. Le sud de la côte Vermeille est devenu la nouvelle route pour les migrants. ».

Ecoutez le récit de l’un de vos frères (quotidien algérien « El Watan »), un algérien d’une trentaine d’années, maçon de profession, arrivé en France depuis quelques mois et qui survit dans un squat à Perpignan. Il a cru qu’avec le départ de Bouteflika la vie serait meilleure en Algérie. Il a participé aux marches quotidiennes du mouvement « Hirak » et, tout comme la grande majorité des Algériens, il est déçu, désabusé, aucun avenir dans son pays. Nasser a payé 3000 euros pour faire la traversée en zodiac jusqu’à Alméria, en Espagne. Il a risqué sa vie plusieurs fois au cours de cette traversée, rendue périlleuse par une mer pas très tranquille. Il est arrivé en fin en France et chaque nuit, à Perpignan, il cherche un nouveau squat pour ne pas dormir dans la rue.

Nasser n’était pas venu pour mendier, mais pour travailler honnêtement « mais il n’y a rien pour nous ici ».

Il rejoint un terrain vague à la sortie de Perpignan où il retrouve une dizaine d’autres « harraga » (migrants clandestins). Ils partagent avec eux quelques cigarettes et un plat froid, laissé par l’association « Au cœur de l’humanité 66 ».

Nasser : « Il faut que mes frères Algériens qui espèrent partir vers l’Europe sachent qu’une fois parvenu à destination, s’ils y parviennent, ils ne seront pas mieux traités qu’au pays, au village, ou au quartier, qu’ils ont fuis. ».

Tous ces « écolos » qui vivent dans des logis confortables, dans des quartiers de villes agréables, qui petit-déjeunent et « bouffent » deux fois par jour et qui réclame des milliards pour préparer une planète moins polluante dans cent ans, devraient plutôt réclamer ces milliards pour empêcher que des millions d’êtres humains meurent chaque jour de faim, de soif, de maladies, en Afrique et ailleurs dans le monde.

Que ces milliards soient investis pour permettre à ces jeunes de trouver chez eux, dans leurs pays, des débouchés qui leur permettent de vivre et non pas de survivre.

Si les nations « riches » ne comprennent pas cet impératif, qu’elles ne se leurrent pas : avant 2050 elles seront envahies par un milliard d’Africains et l’Europe sera un continent « noir » et de religion musulmane.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Manuel Gomez pour Dreuz.info.

27/05/2021

Suixit : l’UE a fait payer le Brexit à la Suisse

A partir d’aujourd’hui mercredi 26 mai, les portes du marché unique européen se sont fermées à la Suisse. L’UE a durci sa position, et la Suisse n’a pas voulu céder au chantage européen : « notre marché et l’idéologie socialiste sinon rien ». La note est salée : 278 milliards de dollars.

Que se passe-t-il ? Lancez un référendum sur l’Europe, et bien des citoyens disent non : ils refusent qu’on fasse leur bien contre leur gré ? Ils ne croient pas que leurs dirigeants savent mieux qu’eux ce qui est bien pour eux ? Comme les Britanniques, comme les Suisses, comme les Français. Solution : ne demandez jamais leur avis au peuple quand vous savez qu’ils ne seront pas d’accord.

En avril dernier, lorsque le président suisse Guy Parmelin a fait sa première visite officielle à Bruxelles pour une importante rencontre avec la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, il lui a transmis un amer message : la Suisse ne parvenant pas à mettre en œuvre un nouvel accord institutionnel avec l’UE, et les relations entre les deux pays sont dans l’impasse.

Le problème est que, comme le Royaume-Uni, la Suisse a l’idée saugrenue de vouloir conserver sa souveraineté – un concept ridicule et dépassé, puisque la mode est à l’internationale socialiste sous son nouvel emballage marketing. La quadrature du cercle était difficile à résoudre, car Bruxelles ne tolère pas ce qu’elle appelle le « picorage » de droits sans l’acceptation des obligations liberticides : elle ne veut accorder aux non-membres des privilèges et des droits que les membres n’ont plus.

Lors d’un référendum en 1992, les Suisses ont rejeté l’adhésion à l’UE. Ils ont négocié un accord commercial avec Bruxelles peu après et l’ont développé depuis, avec réussite : ils ont actuellement au moins 120 accords bilatéraux qui fonctionnent bien.

  • Ils garantissent l’accès au marché pour les produits pharmaceutiques, les métaux et les produits chimiques suisses en échange de
  • l’adhésion de la Suisse aux règles du marché intérieur,
  • d’une modeste contribution financière aux régions pauvres de l’UE,
  • l’adhésion à l’espace Schengen, dans lequel il n’y a pas de contrôles aux frontières.
  • La Suisse participe aussi aux échanges d’étudiants Erasmus, à la recherche scientifique européenne et à la coopération policière.

La Suisse avait donc, jusqu’à hier minuit, le meilleur des deux mondes : l’accès au plus grand marché unique du monde et liberté de jouer la carte de la souveraineté. Cette liberté ne plaît là pas à Bruxelles, qui veut imposer sa vision politique globalisée.

Trois points de blocage trop destructeurs de l’économie et de l’identité suisse

Trois points ont suscité les doutes et la résistance des citoyens suisses durant la longue phase de consultation sur le projet d’accord-cadre institutionnel proposé par l’UE. Il s’agit de la protection des salaires (qui représente un danger pour les salaires suisses selon les syndicats et l’UDC), la directive sur la citoyenneté (qui permet de circuler et de séjourner librement sur le territoire des Etats membres et offrir le bénéfice de la couverture sociale aux étrangers) et des aides d’Etat.

« L’envie de Brexit »

Comme si les choses n’étaient pas déjà si compliquées, lorsque Boris a conclu un difficile accord avec l’UE en décembre dernier, les Suisses ont découvert deux demandes des Britanniques qui les ont rendus jaloux :

  • La première est que la Cour européenne de justice – les « juges étrangers » – n’a aucun rôle direct dans les différends entre Londres et Bruxelles.
  • La seconde est que les Britanniques n’ont pas à suivre « dynamiquement » les règles européennes comme le fait la Suisse.

En quelques jours, les politiciens et les citoyens suisses ont exhorté leur gouvernement à se rendre à Bruxelles, l’accord de Brexit en main, pour ajouter ces deux points à leurs demandes. En ce sens, le Brexit a définitivement rendu la relation UE-Suisse plus difficile à gérer. Les Suisses ont même un mot pour cela : « l’envie de Brexit » (1).

Un « Brexit plus » : le commerce, et rien d’autre

L’Union démocratique du centre (UDC), dont M. Parmelin est membre, et la plateforme d’entrepreneurs Autonomie suisse sont contre l’accord dicté par les Européens. Ils ne sont pas les seuls : même si les médias sont restés très discrets, les sociaux-démocrates et la gauche sont divisés. Des groupes pro-UE ont également vu le jour. Soudainement, il y a eu un nouvel élan politique en Suisse : la discipline de parti s’est évaporée pour le plus grand bien de la démocratie, et les débats précédemment quasi inexistants sont devenus intéressants.

Dans le même temps, un compte-rendu de réunion entre la Commission européenne et les représentants des États membres à Bruxelles, qui a fait l’objet d’une fuite (2), a montré que le gouvernement suisse restait les bras croisés alors que le débat s’intensifiait.

278 milliards de dollars

Depuis ce 26 mai, les entreprises de technologie médicale du pays ne pourront plus exporter librement leurs produits vers l’Union européenne comme elles le faisaient depuis des années. Au lieu de cela, elles seront reléguées au statut de « pays tiers », ce qui les obligera à établir un représentant dans l’Union et à respecter les spécifications de l’UE en matière d’étiquetage des produits, tout en leur imposant d’autres formalités administratives.

Ce secteur est la dernière victime dans la guerre d’usure entre Bruxelles et la Suisse, qui met en péril une relation commerciale de 250 milliards de francs suisses (278 milliards de dollars).

L’incapacité des deux parties à conclure un nouveau traité politique cadre pour remplacer un fatras d’accords individuels qui fonctionnaient bien et régissent leurs relations, se transforme en une menace économique pour la nation helvétique, qui doit faire face à des obstacles croissants au marché unique.

Une nouvelle détérioration des liens avec la principale destination des exportations du pays pourrait nuire à son marché de l’électricité, à ses entreprises industrielles ou à son secteur bancaire, qui cherche à accroître ses activités transfrontalières avec l’UE.

« C’est un champ de mines qui est malheureusement déroulé devant nous », a déclaré René Schwok, professeur de sciences politiques à l’Université de Genève. « Chacune de ces mines va exploser ».

Le groupe industriel Swiss Medtech estime que les coûts de développement des produits des entreprises augmenteront de 30 % en raison des obstacles au commerce. Si les entreprises industrielles et pharmaceutiques subissent le même sort, la facture s’élèvera à 1,3 milliard de francs par an, selon le groupe de réflexion Avenir Suisse.

« Si vous réfléchissez à long terme, vous ne voyez que des inconvénients en termes économiques pour les deux parties », a déclaré Jan Atteslander, responsable des relations internationales d’economiesuisse. « Pour nous, les dégâts sont probablement un peu plus importants ».

Benjamin Franklin a dit un jour : « ne jetez pas des pierres à vos voisins si vos propres fenêtres sont en verre ». Parmelin et von der Leyen n’avaient rien à gagner d’une nouvelle escalade, mais Parmelin répond à la sagesse populaire, Leyen à la folie idéologique.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info.

26/05/2021

Ce que le pape dit sur l’homosexualité


En mars, le Vatican a publié une déclaration sévère, qualifiant les unions homosexuelles de « péché » et réitérant l’interdiction faite aux prêtres de donner leur bénédiction aux unions homosexuelles.

Se faisant, le Vatican a choqué des catholiques de gauche. Cette déclaration était considérée par certains, au sein même de l’Eglise comme brutale. Elle a par exemple choqué les catholiques de gauche d’Allemagne. En réaction, des milliers de prêtres, de religieuses et de paroissiens ont lancé une campagne intitulée Liebe gewinnt (l’amour gagne), afin de faire savoir publiquement que les personnes LGBTQ étaient les bienvenues dans leurs églises.

« J’ai ressenti de la colère et de la honte, car je pense que cette déclaration était très blessante », a confié le père Korditschke, l’un des quelque 120 prêtres allemands qui ont décidé de défier publiquement l’interdiction du Vatican.

Le pape et l’homosexualité

  • Octobre 2020 : Le pape François déclare à un documentaliste que les couples homosexuels devraient être autorisés à avoir des « unions civiles ». « Les personnes homosexuelles… sont des enfants de Dieu et ont droit à une famille. Personne ne devrait être jeté dehors ou rendu malheureux à cause de cela. »
  • Octobre 2014 : Les évêques au synode de l’Église abandonnent les propositions pour une plus grande acceptation des personnes homosexuelles qui étaient soutenues par le pape.
  • Juillet 2013 : Lors d’un vol, le pape déclare aux journalistes que les personnes homosexuelles ne doivent pas être marginalisées mais intégrées dans la société. Les membres du clergé homosexuels devraient être pardonnés et leurs péchés oubliés, a-t-il déclaré.
  • 2013 : Dans le livre Sur la Terre comme au Ciel, le pape déclare que le fait d’assimiler légalement les relations homosexuelles aux mariages hétérosexuels serait « une régression anthropologique ».
  • 2010 : En tant qu’archevêque de Buenos Aires, il s’oppose aux mariages homosexuels dans la loi, mais soutient certaines protections juridiques pour les couples de même sexe.

Cette position du pape semble, malgré les résistances à gauche, parfaitement mesurée.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Christian Larnet pour Dreuz.info.