Comme déjà l’année dernière, Madeleine Scherb a été choisie comme High level speaker par le SMSI 2016*. Voici ce qu’elle a répondu à la question du modérateur Klaus Stoll:
L'intervention de Madeleine Scherb
Merci Monsieur le Président, Excellences, honorables ministres, chers participants,
J’aimerais tout d’abord féliciter Monsieur Houlin Zhao pour son accession au poste de Secrétaire général de l’Union Internationale des Télécommunications. Je suis fière de participer au sommet mondial sur la société de l’information comme à ses débuts en 2003.
Le Kenya, la Suisse, l’Afrique du Sud, le Lesotho, le Botswana, le Gabon, le Sénégal, l’Autriche, l’Allemagne et la Belgique, font partie de mon carnet de voyage. Cependant, sans internet je n’aurais probablement pas découvert ces pays..
Quand je vois toutes les possibilités de communication que nous avons ici en Suisse, je suis émerveillée du progrès et je pense à ma visite au Lesotho en 2000 lorsque j’étudiais à l’Université de Witswatersrand en Afrique du Sud. Je me rendais régulièrement à l’Institut français qui me facilitait la recherche en m’octroyant gratuitement l’accès à internet. C’est en consultant sur internet les pays voisins que m’est venue l’idée de visiter le Lesotho. J’avais trouvé comment m’y rendre et les modalités pour s’y rendre, mais j’avais voulu tout de même aller à l’ambassade pour en avoir la confirmation qu’il était possible d’y aller sans visa. En réponse, j’ai reçu la confirmation de l’ambassade que le Cameroun est membre du Commonwealth et, qu’en tant que Camerounaise, je pouvais aller au Lesotho, également membre du Commonwealth, sans visa. J’ai donc pris un car qui m’a déposé à la frontière après quelques heures de route. J’y suis descendu et me suis dirigée au poste de douane. Je me suis retrouvée face à une douanière à qui j’ai présenté mon passeport. Elle l’a feuilleté et m’a dit : Vous n’avez pas de visa. Pendant que je lui expliquais que j’avais appris que je n’avais pas besoin de visa pour venir au Lesotho, elle a haussé le ton en me demandant de payer 100 dollars pour le visa. Je lui ai tendu le billet de 100 dollars, dans l’attente de recevoir un reçu d’elle. Je lui ai demandé de me le remettre ou de me donner une quittance. Elle m’a dit d’avancer et qu’il n’y avait pas de reçu. Un témoin de la scène, une fois que j’étais de l’autre côté de la frontière donc à Maseru, la capitale du Lesotho, m’a rattrapé sur un pas décalé pour se désoler de cette situation. Pendant que nous cheminions ensemble, il a proposé d’être mon guide ce que j’ai accepté. J’ai vu un marché brûlé, des gens revêtus de couvertures (tenues traditionnelles) dans le froid, j’ai aperçu l’Institut français, un café, puis j’ai demandé s’il y avait un cyber-café. Mon guide m’a dit qu’il ne savait pas de quoi il s’agissait. Il ne connaissait pas internet et a voulu savoir ce que c’était. Il m’a parlé un peu de sa vie de Témoins de Jéhovah, de sa soeur et de son beau-frère. Je lui ai tout de suite raconté que mes parents étaient aussi croyants et pratiquaient la même religion.
Lorsque j’ai voulu le libérer pour trouver un hôtel, il s’est montré hospitalier en me proposant d’aller plutôt dans sa famille. Alors je lui ai fait confiance et l’ai accompagné chez sa soeur. C’est avec un accueil chaleureux qu’elle-même et son mari m’ont reçu, impressionnés de voir une jeune étrangère toute seule à Maseru. Ils savaient que les avions existaient puisqu’ils les voyaient dans le ciel. Par contre, ils n’avaient encore jamais vu leur intérieur et me questionnaient à ce sujet.
J’aimerais bien retourner au Lesotho pour voir si ces étrangers qui sont devenus des amis sont aujourd’hui connectées à internet et ont pu voir l’intérieur d’un avion de leurs propres yeux. Ils avaient promis de m’écrire, mais hélas je n’ai rien reçu. Si seulement ils avaient eu des adresses emails, ils auraient pu me contacter et je serais aujourd'hui connectée avec eux sur internet au lieu d’avoir perdu leur contact à jamais.
Vous comprenez donc mieux mon engagement et celui de la Health and Environment Program que je préside d’oeuvrer pour un meilleur accès des Africains à internet.
Voilà l’aventure que j’ai voulue partager avec vous, je vous remercie de votre aimable attention.
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Madeleine Scherb parle au SMSI 2016 |
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Madeleine Scherb parle à côté du ministre iranien Mamoud Vaezi et du ministre algérien Mme Houda Imane Faraoun |
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Madeleine Scherb et le ministre algérien Mme Houda Imane Faraoun |
* Suite à notre note d’hier, le site internet de l’UIT a été changé et il affiche maintenant l’édition 2016 du forum du SMSI