Voici mon intervention concernant la proposition du Conseil administratif PR-1251:
L’Union Démocratique du Centre se plaint déjà depuis des années du poids surdimensionné de la culture dans le budget de la Ville de Genève, au détriment du sport, mais pas seulement. Nous constatons surtout aussi que le Conseil administratif, hélas souvent suivi dans cette attitude par le Conseil municipal, continue allègrement à multiplier les dépenses, malgré une dette de plus de 1,5 milliard de francs qui nous coûte par ailleurs la «bagatelle» de 24 millions de francs par an, c’est-à-dire Frs 65’000.- par jour ou l’équivalent du salaire annuel d’une personne tous les deux jours.
La Maison de la danse est une fois de plus un projet typique dans la même veine, coûteux, inutile et voué à la destruction à brève échéance. Pour rappel, la danse contemporaine, comme toutes les formes d’art moderne est souvent considérée comme élitiste, éloignée des préoccupations du citoyen ordinaire qui ne l’apprécie que rarement. C’est en tout cas l’enseignement que l’on peut tirer du sort que la population de Lancy a réservé à la Maison de la danse en votation populaire, le 22 octobre 2006. La Ville de Genève voulait alors participer à hauteur de Frs 750’000.- aux frais de son fonctionnement, car, comme le disait fort justement la codirectrice du département municipal des affaires culturelles Martine Koelliker: «Nonante pour cent des infrastructures culturelles genevoises se situent sur le territoire de la Ville de Genève. Nous n'avons plus de place. Nous ne pouvions pas offrir à l'Association pour la danse contemporaine la place dont elle avait besoin.» Force est de constater que cette situation n’a guère changé depuis, sauf, bien entendu, que la Ville de Genève a finalement quand même trouvé la salle communale des Eaux-Vives et qu’elle la met à disposition de la danse contemporaine depuis bientôt une dizaine d’années.
Vous avez donc dit qu’il y avait urgence d’agir? Nous savons que rien ne dure plus longtemps que le provisoire. Ce d’autant plus lorsqu’il arrange tout le monde comme c’est le cas en l’occurence. Bien sûr, on nous dit que la population en aurait besoin pour ses propres projets. Je réponds en demandant: Quelle population et quels projets? Le Conseil administratif n’a de toute façon précisé ni l’une ni l’autre, tellement il est vrai qu’il ne s’agit que de pure spéculation, tout au moins pour l’instant.
A-t-on au moins tiré les leçons de l’échec de la votation populaire de Lancy en redimensionnant quelque peu les exigences? De prime abord, on a bien l’impression que c’est le cas. Au lieu des 45 millions de francs pour le centre culturel de Lancy, le Conseil administratif ne souhaite dépenser que 12 millions de francs, une paille pour la gauche pour laquelle les moyens de la Ville de Genève sont inépuisables, au moins en matière de culture. Le bilan ne se présente cependant pas si favorablement, si on considère que le montant qu’aurait coûté la Maison de la danse ne correspondait qu’à 18 millions de francs, soit un peu plus que le montant prévu pour le Pavillon de la danse. Est-ce donc une bonne opération, au vu de l’emplacement plus favorable en plein centre ville, à côté d’un de ses joyaux, l’église russe qui serait encore moins visible? Pas du tout. Tandis que la Maison de la danse aurait été construite en dur et donc, pour ainsi dire, pour l’éternité, moyennant l’intervention des associations pour la sauvegarde du patrimoine, le Pavillon de la danse ne durerait que sept ans. Oui, Mesdames et Messieurs les Conseillers municipaux, vous avez bien entendu, il ne devrait durer que sept ans. Après cette durée minime, il doit partir ailleurs à des lieux inconnus - si jamais le Conseil administratif trouve un meilleur emplacement d’ici-là, sinon il serait simplement voué à la destruction ou à être stocké aux Ports-Francs au frais de la Ville de Genève et de ses contribuables. Le Pavillon de la danse aurait donc un coût minimal de 1’750’000 francs par an. A cela s’ajoute au bas mot un million de francs pour la déconstruction du pavillon et sa reconstruction ailleurs, si d’aventure le Conseil administratif trouverait un «Ailleurs».
Comble de tout, c’est que la Ville de Genève est actuellement en train de construire la nouvelle Comédie dont une partie des locaux est précisément dédiée à la danse. Quoi de plus logique que de profiter de cette occasion en or pour y intégrer la danse contemporaine - si on voulait vraiment libérer la salle communale des Eaux-Vives?
Ayant encore une pensée aux habitants du quartier jouxtant la place Sturm. Il y a bien sûr l’église russe qui n’est déjà pas très bien visible malgré son extraordinaire beauté et la place éminente qu’elle occupe dans l’histoire de Genève. Elle deviendrait carrément invisible, cachée par le Pavillon de la danse. Le quartier est surtout résidentiel par vocation. Y placer le Pavillon de la danse est pour l’UDC un mépris flagrant des intérêts bien compris de cette population qui ne se reconnaît pas dans l’association Place Sturm, et cela même si cet emplacement n’est prévu de durer que sept ans.
Nous sommes par ailleurs convaincus que tous les partis auraient rejeté cet objet, s’il avait été traité en commission avec tous les soins nécessaires à une telle dépense au lieu d’empêcher des investigations complémentaires, afin de le voter immédiatement. Cependant, le groupe UDC ne se laissera pas duper et votera aujourd’hui, et ceci est ma conclusion, Non à un projet mal ficelé et beaucoup trop cher.