18/11/2021

La solution finale de la question de l’église en France

L’Allemagne paiera !

Par Bernard Hawadier pour le site Boulevard Voltaire

Les décisions des évêques de France en vue d’indemniser les victimes d’abus sexuels semblent bien accueillies.

Les réparations de ces ignominies qui doivent être à la mesure des fautes morales commises soulèvent des interrogations.

L’argent peut-il tout réparer ? L’Église, dont le champ d’action est spirituel et moral, n’est-elle pas en mesure d’offrir autre chose ? Serait-elle à ce point coupable et discréditée qu’elle, l’experte en humanité, en charité, elle, le corps mystique du Dieu d’amour, ne puisse rien proposer d’autre que de l’argent ?

Une fois que l’on a dit cela, les chèques étant indispensables, le problème est de savoir quelle est la nature de la responsabilité de la hiérarchie et comment il est possible de mettre en place une indemnisation financière.

En droit français, celui qui doit indemniser doit préalablement être responsable. Une personne physique ou morale est responsable des actes qu’elle commet et, dans certains cas, du fait d’autrui. La responsabilité pour autrui est celle des commettants du dommage causé par leurs préposés dans les fonctions auxquelles ils les ont employés. Il faut un lien de préposition et l’absence d’abus de fonction de la part du préposé.

Dans ces conditions, l’Église est-elle responsable des préjudices causés par les crimes de ses prêtres ?

Sur le plan juridique, l’Église n’existe pas. Il n’y a que des diocèses, en fait des associations diocésaines propriétaires d’un certain nombre de biens. Quant à la paroisse, elle n’est pas dotée de la personnalité morale. Elle est un établissement particulier de l’association civile diocésaine.

Ainsi, seules les associations diocésaines ont la personnalité morale et pourraient voir leur responsabilité être recherchée.

Le prêtre n’est juridiquement pas l’Église. Le contrat qui se conclut avec son évêque au moment de son ordination s’analyse en un contrat synallagmatique source d’obligations réciproques mais pas en un contrat de travail.

Ce contrat ne peut être assimilé à un contrat de salariat ou de louage de service, car il serait alors nul puisqu’il consacrerait un engagement à vie alors qu’on ne peut louer ses services qu’à temps. Il n’y a, de toute façon, pas de lien de subordination au sens du droit français.

Les associations diocésaines ne sont donc pas responsables des actes des prêtres.

Obligation morale oui. Obligation juridique non.

Les évêques ont souscrit une obligation naturelle, morale, de procéder à l’indemnisation des victimes des actes commis par les prêtres à laquelle ils n’étaient pas contraints.

Mais une vraie difficulté se pose eu égard au fait que, pour procéder à cette indemnisation, les évêques vont devoir disposer des biens des associations diocésaines qui ne proviennent, en réalité, que de l’argent des paroissiens et, plus généralement, des donateurs.

Or, il ne fait aucun doute qu’à aucun moment ni les donateurs ni les paroissiens n’ont entendu que leur argent, librement donné, soit utilisé à cette fin.

Lorsque les évêques de France décident, en assemblée générale, d’organiser une procédure d’indemnisation et de le faire au moyen des biens des associations diocésaines ou de prêts qui devront ensuite être remboursés, ils utilisent des actifs à d’autres fins que le culte divin ; ce culte qui a justement été profané par certains prêtres dont il s’agit de réparer les errements ! Comment peut-on faire supporter aux paroissiens les agissements de clercs défaillants ? Au nom d’une responsabilité collective qui leur est étrangère ? Pourquoi priver les fidèles des ressources nécessaires au culte pour lequel ils consentent déjà tant de sacrifices ? Cela ressemble à une double peine…

La proportion de pédophiles est la même dans l’église, l’école ou la colonie de vacances pour n’en citer que trois parmi d’autres. Mais comme il y a énormément plus d’écoliers que de catéchistes, il y a forcément plus de cas de pédophilie commis dans l’école que dans l’église.

En appliquant le même principe de réparation financière, il faudrait vendre des milliers d’écoles pour indemniser les victimes. Ce serait une double peine pour les contribuables et les parents d’élèves. Qu’il soit appliqué à l’église ou à l’école, ce principe de réparation financière est une absurdité. La France est devenue un Absurdistan avec les progressistes.

La profession journalistique et la magistrature qui sont très orientées sur un plan idéologique n’enquêteront jamais sur les cas de pédophilie commis dans les écoles publiques. C’est toujours le deux poids, deux mesures dans une république anticléricale depuis sa fondation après la défaite de notre armée impériale à la bataille de Sedan le 1 septembre 1870.

Rappel historique

Le principe de réparation financière a été appliqué une fois dans l’histoire. Ce fut lors du traité de Versailles du 28 juin 1919. « L’Allemagne paiera! » était la revendication majeure du gouvernement français de Georges Clemenceau qui fut entérinée par les Alliés. Cela entraîna l’hyper-inflation qui ruina l’Allemagne entre les années 1921 et 1924.

Ce traité humiliant pour le vaincu favorisa l’émergence du revanchisme incarné par Die Nationalsozialistische Deutsche Arbeiterpartei (NSDAP). Ce petit parti socialiste des travailleurs allemands se dota d’un chef charismatique qui s’appelait Adolph Hitler. On connaît la suite.

« Ils n’ont rien appris ni rien oublié,  » disait Talleyrand à propos du retour des nobles à la restauration de la monarchie en France en 1815.

Cette phrase célèbre s’applique aussi bien aux républicains de la III République qu’à ceux de la V république qui n’en démordent pas de liquider l’église après un siècle de sapement de ses fondations depuis la loi de 1905 pudiquement dénommée « séparation des Eglises et de l’Etat. » La franc-maçonnerie qui était un appendice de la république s’engagea totalement contre « l’obscurantisme religieux » et afficha sa volonté inébranlable d’en finir avec le cléricalisme.

Il y a un autre parallèle historique inquiétant à propos de ce terme pudique de « séparation des Eglises et de l’Etat. » Ce fut lors de la conférence secrète de Wannsee près de Berlin, le 20 janvier 1942, à propos de la « solution finale de la question juive. » Sous cette anodine question se cachait le génocide planifié du peuple élu de Dieu.

S’il ne reste plus que 1.5% de pratiquants en France, c’est encore trop pour la franc-maçonnerie qui a ses ramifications au plus haut niveau de l’Etat. Le principe de réparation financière de 2021 donne le coup de grâce à l’église comme la conférence de Wannsee le fit aux juifs en 1942.

J’en pleure de rage et de désespoir que cette solution finale déguisée soit si bien acceptée par l’opinion publique. Les Français sont aussi abrutis par la propagande que la mère de Harrison Bergeron dans la nouvelle de Kurt Vonnegut à qui j’ai consacré deux articles cet automne.

Pauvre France qui était naguère surnommée « la fille aînée de l’Eglise » !

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Bernard Martoia pour Dreuz.info.

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